LA GRANDE AVENTURE LEGO : chronique

19-02-2014 - 08:29 - Par

Les réalisateurs de TEMPÊTE DE BOULETTES GÉANTES et 21 JUMP STREET signent un film d’animation rutilant et follement inventif au propos proche de celui de TOY STORY.

« Dès le départ, [Phil Lord et Chris Miller] m’ont dit que ce serait comme si Michael Bay avait kidnappé Henry Selick (le réalisateur de L’ÉTRANGE NOËL DE M. JACK, ndlr) pour le forcer à faire le film. Un peu comme si LA GRANDE AVENTURE LEGO se déroulait dans le cerveau de Michael Bay. C’est une explosion de créativité. » Telle est la description faite de LA GRANDE AVENTURE LEGO par son superviseur de l’animation, Chris McKay. Et au vu du résultat final, on ne peut qu’abonder en ce sens. Phil Lord et Chris Miller, réalisateurs de TEMPÊTE DE BOULETTES GÉANTES et 21 JUMP STREET, n’ont jamais caché leur admiration pour le père de TRANSFORMERS. Ils en ont même fait l’une de leurs influences principales avouées, qu’on retrouve encore une fois largement dans leur nouveau projet. Leur 21 JUMP STREET, en dépit de la grande réussite qu’il représentait pour le duo passant alors au live action, peinait à s’offrir un véritable souffle visuel dans ses scènes d’action. En revenant à l’animation avec LA GRANDE AVENTURE LEGO, Lord et Miller peuvent se permettre cette fois toutes les folies esthétiques imaginables. Si bien qu’effectivement, ce portage au cinéma de l’univers des briques encastrables affiche une énergie de mise en scène – découpage, composition, montage – lorgnant clairement sur celle des films de Michael Bay. Joyeuse et bruyante hystérie comprise – c’est un compliment. Le tout pour une animation hors normes où les CGI se mettent au service d’un rendu stop motion au charme increvable et à l’extraordinaire photoréalisme, faisant la part belle à une vaste palette de gags (visuels, de situation, répliques…) et à une fréquence d’idées à la minute surréaliste. Après leurs deux précédents opus, déjà mordants dans leur propos, leur talent narratif et leur propension à la déconne décomplexée, Lord et Miller semblent en plus, cette fois, totalement s’épanouir en tant que réalisateurs. Et conservent leur ton si caractéristique. Une gageure quand on décide de trousser un long-métrage autour d’une célèbre marque de jouets. Le pitch ? Lorsque le monde des Lego est menacé par les délires autoritaires du Président Business, des rebelles mettent leur destin entre les mains d’Emmet, « minifig » lambda. Mais est-il vraiment si spécial, lui le candide qui n’a jamais eu une idée originale de sa vie ? De là, Lord et Miller, également scénaristes, déroulent un script aussi dense et émouvant qu’hilarant. Il faut dire qu’ils piratent ici le thème classique de l’Élu chargé de sauver le monde – big up à Joseph Campbell et à son « Héros aux mille et un visages » – et en redéfinissent le cœur même avec une intelligente et délectable ironie. « Nous avons besoin d’idées stupides même si elles ont l’air de n’avoir aucune utilité », clame ainsi un personnage en quête de solution pour contrecarrer les plans du Président Business. Un éloge assez brillant (mais également très tendre et mélancolique) de la beauté résidant dans l’ordinaire ou le trivial ; une exaltation du pouvoir de l’imagination et des formes inépuisables que revêt celle-ci. Ce message s’avère d’autant plus puissant qu’il aboutit à un troisième acte surprenant et audacieux, ainsi qu’à une charge puissamment sarcastique de la standardisation et du consumérisme. Du rire, du propos et du cœur : LA GRANDE AVENTURE LEGO a tout bon.

De Phil Lord et Chris Miller. Avec les voix originales de Chris Pratt, Will Ferrell, Liam Neeson. États-Unis / Australie. 1h40. Sortie le 19 février

 

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