Cannes 2014 : HERMOSA JUVENTUD – LA BELLE JEUNESSE / Critique

18-05-2014 - 20:52 - Par

De Jaime Rosales. Sélection officielle, Un Certain Regard


Synopsis officiel : Natalia et Carlos sont deux jeunes amoureux de 20 ans. Remise de CVs, petits boulots, tournage d’un porno amateur : ils se battent pour survivre à leur façon dans une Espagne en crise. Quand Natalia se découvre enceinte s’annoncent de profonds changements dans leur vie.

Le couple. La jeunesse. L’amour mis à mal par la dureté de la vie. HERMOSA JUVENTUD n’a pas l’originalité pour ambition, mais il a l’avantage de baigner son récit dans un contexte contemporain des plus intéressants : la crise économique et sociale connue par l’Espagne depuis maintenant six ans. Pénurie d’emploi et perspectives d’avenir en berne : comment s’aimer et penser son futur dans ces conditions ? Natalia et Carlos, pour mettre du beurre dans les épinards, tournent un porno amateur. 300 euros chacun. Mais que faire lorsqu’une grossesse non désirée envenime encore davantage la situation ? HERMOSA JUVENTUD joue la carte du « cinéma du réel » – 16 mm cracra et caméra à l’épaule – mais pourtant, le premier tiers du long-métrage saisit par son usage malin du hors-champ, de la coupe adéquate évitant à la caméra de saisir le détail pathos ou le dialogue didactique de trop. Le réalisateur Jaime Rosales manie aussi avec joliesse les silences, qu’il sait faire durer, sans pesanteur pour autant. Rythmé et énergique, bien servi par un couple d’acteurs convaincants et rayonnants, HERMOSA JUVENTUD séduit. Puis, survient une étrange et longue séquence de capture d’un écran de Smartphone, où le temps défile et où les personnages vieillissent au rythme des textos reçus, des tchats ou des échanges de photos par SMS. Un procédé par trop imposant pour qu’il s’insère parfaitement dans le récit et l’esthétique du film, mais qui a le mérite d’inventer une nouvelle manière de dépeindre la manière dont la jeunesse actuelle tue le temps et célèbre son quotidien. Malheureusement, ce sera le dernier fait d’armes de HERMOSA JUVENTUD. La seconde moitié du film se perd en effet dans le prévisible : de la galère, des disputes aux arguments rebattus… Natalia et Carlos ont beau se débattre comme des beaux diables, le spectateur finit par imaginer sans mal là où Rosales le mène. Une destination bien trop misérabiliste et déterministe pour être honnête et qui fait des personnages de simples pantins d’une démonstration qui se voudrait tragique quand elle n’apparaît que cruelle et moralisatrice.

De Jaime Rosales. Avec Ingrid Garcia-Jonsson et Carlos Rodriguez. Espagne. 1h43. Prochainement

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