Cannes 2014 : EL ARDOR / Critique

18-05-2014 - 18:19 - Par

De Pablo Fendrik. Sélection officielle, séances spéciales


Synopsis officiel : Forêt tropicale de Misiones en Argentine.
Kaï (Gael Garcia Bernal), un jeune homme solitaire, assiste à l’attaque sauvage d’une ferme de tabac par des mercenaires qui kidnappent la belle Vania (Alice Braga) dont le père est assassiné sous ses yeux.
Kaï se transforme en justicier et les traque un par un dans la jungle amazonienne…

Le plus souvent, le cinéma de genre permet de poser un regard politique et social détourné sur le monde qui nous entoure, via la description d’événements particuliers évoquant au final un problème plus général. Le plus souvent, oui. Mais pas toujours. En pièce à conviction, citons donc EL ARDOR, présenté en séance spéciale et hors compétition – puisque son acteur principal et producteur, Gael Garcia Bernal, fait partie du jury de Jane Campion. Sous ses atours de néo western et de revenge movie, ses élans fantastiques et chamaniques, ses surgissements de survival revenant sur le conflit éternel entre l’Homme et la Nature, le nouveau film de Pablo Fendrik (LA SANGRE BROTA, EL ASALTANTE) se pose en pamphlet bien énervé. Son sujet ? La manière dont les paysans de la forêt tropicale argentine sont destitués de leurs terres par des mercenaires meurtriers bossant pour des exploitants de soja. Jusqu’à ce qu’un mystérieux homme (Bernal) surgisse de nulle part pour venger la mort d’un de ces cultivateurs soumis à la folie du capitalisme. On connaît la verve politique du cinéma sud-américain. Malheureusement, Fendrik a beau se prénommer Pablo, son EL ARDOR n’a pas la vigueur des charges filmiques de Larrain ou Trapero. Ici, la musique est très inquiétante et lourdement connotée. Les méchants sont très méchants – et parmi eux sommeille forcément un violeur mal rasé. Le héros mutique et mystérieux est vraiment très mystérieux et très mutique. Et balèze : ce vengeur mi-Bear Grylls mi-Rambo se balade un bandeau de cuir tressé dans les cheveux, chemise ouverte (ou carrément torse poil, allons-y), il marche pied nu dans la jungle, il remonte un fleuve digne de l’Amazone en crawl sans combi. Il est comme ça, Gael. Il porte même avec fierté le tatouage chelou pour en rajouter une couche superflue sur le mystère qui entoure son personnage. Puis coïte avec Alice Braga, sous la pluie, façon pub pour gel douche. Et, quand il n’a plus de corde à son arc, il se roule un gros spliff d’herbes hallucinogènes pour appeler à l’aide les esprits de la Nature – le tout avec des mimiques surlignées expliquant bien que le garçon n’est plus seul dans sa tête. Oui, EL ARDOR use de grandiloquence sans grande maîtrise et même si son sujet s’avère passionnant sur le papier, pertinent et honorable, Pablo Fendrik le transmet avec une maladresse gênante et un manque criant de subtilité. Même pas convaincant dans ses trouées bis, EL ARDOR frise parfois le Z arty. Mais surtout, parce qu’inutilement languide, il ennuie profondément. Et ce, en dépit du caractère hautement divertissant de son protagoniste principal, donc.

De Pablo Fendrik. Avec Gael Garcia Bernal, Alice Braga, Jorge Sesan. Argentine/France. 1h40. Prochainement

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