Cannes 2014 : TURIST – FORCE MAJEURE / Critique

24-05-2014 - 09:20 - Par

De Ruben Östlund. Sélection officielle, Un Certain Regard.

Synopsis : En vacances dans les Alpes françaises, une famille suédoise fait face à un événement tragique lorsqu’une avalanche dévaste la station. Le père, qui a fait preuve d’égoïsme et de lâcheté, ne parvient pas à accepter son comportement.

Avec son point de départ accrocheur, TURIST aurait pu être soit une excellente comédie soit un beau drame troublant. C’est tout l’intérêt de traiter un sujet comme la lâcheté car il suppose une multiplication des points de vues et un renversement des valeurs, supposées inhérentes à la société. Quand l’Homme fuit, il est soit victime, soit coupable. De cette dualité doit naître un point de vue. Hélas Ruben Östlund n’en choisit aucun. TURIST est un film à sujet qui cherche à se dérober à tout instant de ce dont il parle. Ni comédie, ni drame, le récit va piocher par-ci par-là, préférant la carte du malaise troublant post THEOREME à celle de la farce burlesque ou du mélodrame. On aimerait vraiment que cette famille Ikéa implose devant nos yeux, que le film pousse jusqu’au bout le ridicule ou la tension, mais il n’en est rien. Le film se contente de petites fêlures, naviguant du bout des doigts sur une partition qui aurait pu être nettement plus puissante. Idem, sur le registre de la comédie. Ce renversement du culte du père de famille héroïque est pris beaucoup trop au sérieux. Le récit ne tire jamais les bonnes conclusions de l’acte de son personnage. Sa fuite lors de l’avalanche aurait pu déclencher tout un tas de quiproquos et de bouleversements. Elle se résume ici à un psycho-drame bourgeois particulièrement vain. Pareil pour la crise de Madame et l’insupportable présence des enfants comme fonction culpabilisatrice. Rien ne sort véritablement de ce petit jeu de massacre qui laisse bizarrement tout le monde indemne. Tout est à la fois totalement intériorisé par les personnages et sursignifié par la mise en scène. On reste donc un peu à l’écart de ce film tiède qui use et abuse des métaphores un peu trop visibles pour consolider un propos finalement pas bien clair. Reste tout de la même la maîtrise formelle de Östlund et quelques moments de comédie acide éparse plutôt séduisants.

De Ruben Östlund. Avec Kristofer Hivju, Lisa Loven Kongsli, Johannes Kuhnke, Clara Wettergren, Vincent Wettergren. Suède. 2h. Prochainement.

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