Cannes 2014 : L’HOMME QU’ON AIMAIT TROP / Critique

22-05-2014 - 09:00 - Par

D’André Téchiné. Sélection officielle, hors compétition.


Synopsis : Toussaint 1977. Agnès Le Roux, fille de Renée Le Roux (propriétaire du casino niçois le Palais de la Méditerranée), disparaît. Quelques mois auparavant, avec l’aide de l’ancien avocat de sa mère, Maurice Agnelet, elle avait vendu ses parts du Palais de la Méditerranée à un concurrent, Dominique Fratoni. Agnès, qui avait déjà tenté de se suicider a-t-elle fui ? S’est-elle ôtée la vie sans que l’on retrouve son corps ? Maurice Agnelet a-t-il quelque chose à voir avec la disparition d’Agnès, qui était sa maîtresse ?

Puisque la vague d’émissions de télé spécialisées dans les affaires judicaires nous a abreuvés d’informations sur l’affaire Agnelet et que le verdict a été confirmé il y a peu, se voir offrir un point de vue en fiction est une proposition particulièrement alléchante. C’est donc André Téchiné, cinéaste du faits divers (LA FILLE DU RER, récemment) mais surtout réalisateur du romanesque, qui se charge de traduire, en un film plutôt emballant bien qu’inégal, l’histoire de la disparition d’Agnès Leroux, fille d’une famille riche du sud de la France et désespérément éprise de l’avocat Maurice Agnelet, un playboy attiré par l’argent et les femmes. Ce que dépeint Téchiné et qu’il sert à notre curiosité mal placée, ce sont des relations que le pouvoir rend particulièrement compliquées. Si ce n’est biaisées. Si ce n’est perverses. Une fille et sa mère, une héritière et un ambitieux. L’essentiel de la mise en scène réside en des face-à-face bien placés, bien déplacés. Tout est d’une précision folle mais malheureusement, engoncé voire figé dans un cinéma un poil vieillot et des dialogues trop écrits. Ce n’est pas une fatalité, il faut savoir être patient. D’abord linéaire, Téchiné finira pas libérer totalement sa narration au profit de la complexité de ce qu’il raconte. L’affaire Agnelet/Leroux ne peut s’expliquer que par des parcours psychologiques complexes, des prises d’ascendants et des points de vues et des opinions qui s’opposent. Et bien sûr, des confrontations. Catherine Deneuve, le ton ferme, corsetée dans un jeu de dentelle, fait une femme d’affaires convaincante, mais c’est lorsqu’elle est une mère témoin du déclin de sa fille, qu’elle émeut le plus. Face à elle, Adèle Haenel fait preuve d’une intensité souvent fascinante, parfois outrancière toutefois, dans le rôle d’Agnès, femme manipulée et trahie. C’est ce duo d’actrices qu’on retiendra de L’HOMME QU’ON AIMAIT TROP. Car le film s’effondre rapidement dans sa partie « contemporaine » où un Guillaume Canet vieilli et grimé, dans la peau d’un Agnelet réchappé de tout, fait face à la cour dans une reconstitution de procès à l’intérêt relatif, puisque rebattant des faits qui nous sont déjà familiers.

D’André Téchiné. Avec Guillaume Canet, Catherine Deneuve, Adèle Haenel. France. 1h56. Sortie le 16 juillet

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