X-MEN : DAYS OF FUTURE PAST : chronique

14-05-2014 - 06:00 - Par

Bryan Singer revient aux commandes de la franchise mutante avec panache, classe et une bonne grosse dose de gravitas. Immanquable.

En dépit de tout l’amour que l’on peut porter au comic book movie – et à la culture comics en général –, on ne peut qu’avouer l’évidence : en étant devenu le nouveau mètre étalon du blockbuster estival, le film de super-héros a fini par s’encroûter plus vite que de raison. Si l’on trouve toujours quelques représentants dignes, qui savent assurer le spectacle avec un semblant de sobriété (l’émouvant WOLVERINE : LE COMBAT DE L’IMMORTEL l’an dernier, le prenant CAPTAIN AMERICA : LE SOLDAT DE L’HIVER cette année), aucun ne semble parvenir à transcender son genre et surtout, à surmonter la règle du spectacle total érigée malgré lui par AVENGERS. Où sont les SPIDER-MAN de Raimi ? Les DARK KNIGHT de Nolan ? Les X-MEN de Singer ? Ils sont là, à portée de main : il suffisait juste de demander. Avec X-MEN : DAYS OF FUTURE PAST, Bryan Singer fait en effet son retour à la réalisation de la franchise mutante, onze ans après X-MEN 2 – et trois ans après avoir produit l’excellent prequel X-MEN : LE COMMENCEMENT. L’évidence, presque en forme de lapalissade ? Avoir un auteur aux commandes d’une telle machine fait toute la différence. Singer, qui n’a jamais caché son rapport très personnel au propos du comic – les mutants comme symboles de toutes les populations ostracisées, oppressées –, trouve encore une fois dans DAYS OF FUTURE PAST un moyen de mettre sur pellicule toutes ses névroses, ses combats et ses peurs. Comme en écho de l’inoubliable scène d’ouverture de X-MEN, qui montrait Erik Lehnsherr – futur Magneto – aux portes d’un camp de concentration nazi, DAYS OF FUTURE PAST débute sur une imagerie renvoyant à l’Holocauste. Dans un futur indéterminé, la traque des mutants a dégénéré : ceux-ci sont poursuivis, éradiqués par des robots – les Sentinelles. Ceux parmi les humains qui tentent de les protéger subissent le même sort. Et des camions entiers de déverser alors les cadavres des victimes sur les trottoirs dystopiques de mégapoles que l’on filme de nuit uniquement – c’est la règle depuis James Cameron et TERMINATOR. Comment empêcher ce futur sans espoir ? Professeur X et Magneto, désormais alliés dans l’adversité, ont peut-être la solution : envoyer Wolverine dans le passé pour qu’il convainque leurs jeunes homologues d’empêcher Mystique de perpétrer un meurtre fondateur dans la lutte des humains contre les mutants… De là, Singer et son scénariste Simon Kinberg – dont les écrits sont fondés sur une des storylines les plus appréciées de la BD et due à Chris Claremont – déroulent une aventure emballante à la fluidité narrative impeccable. Ils ont notamment l’intelligence de caler DAYS OF FUTURE PAST au parcours du jeune Charles Xavier, homme brisé devant surmonter ses fractures morales pour devenir celui qu’on connaît. Ce cœur offre au film certains de ses plus beaux moments dramatiques. D’autant que s’y greffe une foule d’autres enjeux secondaires tout aussi passionnants, prouvant l’appétit de storytelling de Bryan Singer et la richesse de ce DAYS OF FUTURE PAST. Qu’il accumule les genres et sous-genres – SF d’anticipation, SF à voyage temporel, heist movie, buddy movie, polar 70’s –, qu’il confronte dans la même image moment de bravoure et pure comédie burlesque, tout ici sonne juste. Tout atteint sa cible avec une facilité déconcertante – même les idées les plus casse gueule, comme tout ce qui concerne l’excellent Quicksilver. Sans doute parce que Singer soigne avant toute chose ses personnages, leurs relations, la précision de sa direction d’acteurs (extraordinaire alchimie entre McAvoy, Jackman et Fassbender) et l’écriture – même si certains dialogues se font parfois un peu trop explicatifs. Ici, pas de pyrotechnie superflue : chaque scène d’action a son utilité narrative, survient au bon moment, sans surenchère et affiche une mise en scène sobre mais pas moins inventive – cf la mise en image des portails créés par Blink. Les mutants y trouvent une puissance d’évocation imparable et DAYS OF FUTURE PAST le cachet d’un vrai divertissement de première classe, rare, solide et élégant, qui devrait lui assurer une bonne place dans les tops 10 de fin d’année. Tout bonnement immanquable.

De Bryan Singer. Avec James McAvoy, Michael Fassbender, Jennifer Lawrence, Hugh Jackman. États-Unis. 2h03. Sortie le 21 mai

 

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