Cannes 2014 : CATCH ME DADDY / Critique

17-05-2014 - 10:58 - Par

De Daniel Wolfe. Quinzaine des réalisateurs

Synopsis officiel : Pour échapper à sa famille, une jeune femme, Laila, se cache dans le West Yorkshire avec son petit ami Aaron, un marginal.
Lorsque son frère et ses hommes de main arrivent en ville, Laila est contrainte de fuir pour sauver sa vie. Elle va alors devoir affronter le pire.

On suivra de près la carrière de Daniel Wolfe, jeune réalisateur britannique dont c’est ici le premier long-métrage. Avec CATCH ME DADDY, il fait montre d’une énergie rageuse et d’un vrai talent à capter la fougue et la violence de la jeunesse. Il comprend que sa soif de liberté et son refus d’être dans les mêmes mécanismes réactionnaires que les générations d’avant, font d’eux des trublions et les garants d’un monde meilleur. La bonne idée de Daniel – épaulé par son frère Matthew -, c’est de confronter le modernisme intellectuel et émotionnel d’une jeune femme d’origine pakistanaise, amoureuse d’un rouquin un peu paumé, aux réflexes d’une famille qui est plus ancrée dans la tradition. Et qui pour faire rentrer Laila dans le rang va employer la manière forte. C’est une fuite en avant effrénée que nous propose Daniel Wolfe, la caméra légère et vive, l’image sombre parfois jusqu’à l’abstraction, le ton pas si éloigné d’un anti-conte de fées hallucinatoire. CATCH ME DADDY est une vraie proposition de cinéma qui ne révolutionne pas le socioréalisme britannique, certes, mais qui est tout en force. Ce qui signifie aussi qu’il distribue son énergie de manière parfois erratique et manque singulièrement de sophistication dans son scénario – si le postulat de départ est original, l’histoire se déroule sans grande surprise – même s’il tente de pallier cette faiblesse par une réelle complexité psychologique. L’erreur de Daniel Wolfe serait de penser qu’on peut toujours se sortir d’une certaine impasse narrative en collant la bonne musique au bon moment et qu’on peut retenir l’attention du spectateur grâce à une bande originale efficace et hétéroclite. Ou qu’on peut, pour le bien du mystère et parce qu’on a peur de passer pour un réalisateur trop popu, se passer de transmettre des clés au public pour qu’il se sente davantage à l’aise avec le scénario. Quand on est un héritier prometteur du cinéma social, il faut de la générosité.

De Daniel Wolfe. Avec Conor McCarron, Sameena Ahmed, Gary Lewis. Grande-Bretagne. 1h47. Prochainement

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.