Cannes 2014 : A HARD DAY / Critique

18-05-2014 - 18:14 - Par

De Kim Seong-hun. Quinzaine des réalisateurs


Synopsis officiel : De retour de l’enterrement de sa mère, Gun-su, détective à la police criminelle, tue un homme dans un accident de voiture. Pour se couvrir, il décide de cacher le corps dans le cercueil de sa mère. Lorsque l’affaire apparaît sur la base de données de la police, on nomme son partenaire pour mener l’enquête. Gun-su, sous pression voit l’enquête avancer au rythme des détails révélés de l’accident. Les choses vont empirer lorsqu’un témoin de l’accident va menacer Gun-su.

Les polars sud-coréens qui arrivent jusqu’en France sont très souvent de bonne facture, qu’ils sortent directement en DVD chez des éditeurs spécialisés ou qu’ils passent par la case Cannes. A HARD DAY ne déroge pas à la règle et même s’il n’a pas encore de distributeur à l’heure où on écrit ces mots, il paraît que ça pourrait très vite changer. Là où les autres (J’AI RENCONTRÉ LE DIABLE, THE MURDERER, MEMORIES OF MURDER, pour ne citer qu’eux parmi les plus connus) sont des films hyper noirs mâtinés d’humour, A HARD DAY tend à donner aux moments de comédie encore plus de place. L’histoire démarre comme une farce macabre où un flic cache un cadavre (celui du type qu’il a écrasé en voiture alors qu’il téléphonait) dans le cercueil de sa mère, fraîchement décédée. Un GiJoe télécommandé d’une main et un bouquet de ballons gonflables de l’autre, ce McGyver de la lose offre à voir un spectacle de haut niveau, aussi burlesque que sinistre. Il pensait venir à bout de sa journée de merde ? Erreur : sa victime est recherchée par toutes les polices car c’est un criminel notoire. De plus, il ne faudra pas longtemps pour qu’un inconnu le contacte et le fasse chanter, alors qu’il était sûr qu’il n’y avait pas de témoin. Avec son bestiaire de crétins et de médiocres, qu’ils soient flics ou civils, le réalisateur Kim Seong-Hun se fait l’architecte d’un jeu de massacre sadique, moins souvent drôle que pervers, mais qui refuse de tomber dans la surenchère de gore. On passe d’une violence slapstick et cartoon à une agressivité sèche dans une valse complètement cyclothymique qui déroute totalement. Ce sont ce ton tour à tour bon enfant (voire hilarant dans sa manière de s’en prendre à tout le monde) et menaçant, et une quantité de rebondissements réellement surprenants, qui sont les atouts de ce polar très sophistiqué dans son écriture malgré ses atours légers. Ce qui prive A HARD DAY d’être un très grand film, ce n’est rien d’autre qu’une image sans grande personnalité. Malgré quelques plans virtuoses, Kim Seong-Hun n’a pas la caméra agressive d’un Na Hong-jin ni le sens du cadre implacable d’un Kim Jee-woon. Mais il a un esprit malin, un élan sarcastique, un sens du timing dans le dialogue imparable. On lui a demandé s’il était un philanthrope moqueur et ça lui a plu. C’est surtout un drôle d’auteur à suivre de près.

De Kim Seong-hun. Avec Lee Sun-kyun, Cho Jin-woong. Corée du Sud. 1h51. Prochainement 

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