Cannes 2014 : LES COMBATTANTS / Critique

19-05-2014 - 17:31 - Par

De Thomas Cailley. Quinzaine des Réalisateurs.

Synopsis officiel : Entre ses potes et l’entreprise familiale, l’été d’Arnaud s’annonce tranquille… Tranquille jusqu’à sa rencontre avec Madeleine, aussi belle que cassante, bloc de muscles tendus et de prophéties catastrophiques. Il ne s’attend à rien ; elle se prépare au pire.
Il se laisse porter, se marre souvent. Elle se bat, court, nage, s’affûte.
Jusqu’où la suivre alors qu’elle ne lui a rien demandé ? 
C’est une histoire d’amour. Ou une histoire de survie. Ou les deux.

Depuis le succès surprise de CAMILLE REDOUBLE et surtout le triomphe l’an passé de GUILLAUME ET LES GARCONS À TABLE, on guette à la Quinzaine des réalisateurs le futur champion surprise du box-office français. Il se pourrait bien que cette année, l’heureux vainqueur se nomme LES COMBATTANTS, tant ce premier long métrage de Thomas Cailley s’avère être une merveille de rom-com « awkward ».  Le film s’amuse avec beaucoup d’élégance de son sujet potentiellement anxiogène et franchement peu glamour, grâce notamment à la justesse de l’interprétation. L’amour qui se noue petit à petit entre Arnaud et Madeleine devient le moteur à la fois comique et romanesque du film. Thomas Cailley a bien compris que les meilleures comédies sont aussi les plus simples. Son film se nourrit de l’opposition entre deux types de « clowns ». D’un côté, Kevin Azaïs, sorte de Buster Keaton têtu, de l’autre Adèle Haenel, toute en rugosité bizarre. On savait que l’actrice faisait des merveilles dans le drame façon « auteur ». Mais dans ce film elle se révèle surtout une immense actrice de comédie. Front baissé, perpétuellement en colère, elle assène d’improbables répliques avec un sérieux absolument tordant. Mais le film la regarde avec les yeux de l’amour d’Arnaud et l’on éprouve très vite une tendresse incroyable pour cette fille gentiment toquée. On pourrait au départ reprocher aux COMBATTANTS de n’être qu’un très bon film de scénariste. Cailley est bon élève et il enfile les petites séquences avec brio. De la caractérisation rapide du héros par un deuil récent aux vignettes sur la vie militaire, le film sait être efficace. Avec son pitch accrocheur, on pourrait reprocher au film de n’être qu’une petite machine trop bien huilée. Heureusement dans une dernière partie, Cailley va au bout de son sujet et entraîne ses deux amoureux dans une jolie robinsonnade qui vire à la fin du monde. Là, on découvre de vrais moments de mise en scène, extrêmement délicats qui dopent encore plus la puissance comique du film. Ce TAKE SHELTER façon « lol » possède donc suffisamment de charme et d’idées pour devenir le « feel good movie » de l’année. Il apporte surtout la preuve réjouissante qu’on peut réussir en France une vraie comédie romantique, à la fois totalement barrée et profondément « fleur bleue ».

De Thomas Cailley. Avec Kevin Azaïs, Adele Haenel. France. 1h38. Sortie le 20 août.

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