UNDER THE SKIN : chronique

25-06-2014 - 10:40 - Par

UNDER THE SKIN use avec intelligence de l’image de son actrice principale, Scarlett Johansson. De la SF expérimentale et sensorielle.

Près de dix ans après BIRTH, qui abordait la réincarnation de manière dramatique et réaliste, Jonathan Glazer revient avec UNDER THE SKIN, inspiré du roman « Sous la peau » de Michel Faber, dans lequel une extraterrestre use de son sex-appeal pour assassiner des hommes pour le compte de son espèce. Jusqu’à ce qu’elle commence à s’interroger sur sa mission… Dans le rôle de l’alien voracement sexy, Scarlett Johansson. LA MUTANTE, nouvelle génération ? Pas franchement. Démesuré- ment ambitieux, UNDER THE SKIN s’ouvre sur un long écran noir laissant lentement place à un ballet de lumières et de sonorités gutturales. Profondément captivante et déstabilisante, cette entrée en matière ancre UNDER THE SKIN dans une certaine imperméabilité. Souvent à la limite de l’expérimental, le film n’entend donner aucun moyen au spectateur de se raccrocher à ce qu’il voit à l’écran. À lui de faire le chemin à sa guise, à son rythme, en décryptant le récit séquence après séquence. Ainsi, jamais la nature extraterrestre de l’héroïne n’est-elle clairement explicitée ou suggérée. Une manière pour Glazer de mettre le public à hauteur des hommes qui croisent le chemin de cette alien découvrant notre monde avec circonspection et fascination. Formellement, si l’on admire l’aridité visuelle générale (notamment grâce aux décors naturels écossais), c’est surtout la façon dont UNDER THE SKIN triture le son qui ensorcelle : nappes poisseuses et bourdonnements divers baignent le film dans une ambiance oppressante qui, tant bien que mal, fait oublier les évidentes redondances du récit. D’errance en errance, l’extraterrestre séduit des lads hypnotisés par ses courbes, les tue, puis repart sur les routes en quête d’une nouvelle proie. Des assassinats dont on ne connaîtra jamais la raison mais qui, esthétiquement, donnent lieu à des scènes d’une beauté ahurissante, où le corps dénudé et diaphane de Scarlett Johansson se détache d’un décor noir de jais alors que ses victimes la suivent, inexorablement, sombrant dans un liquide létal. Des séquences où le propos d’UNDER THE SKIN se fait plus évident : contrôlé par ses pulsions, l’homme préfère foncer tête baissée vers la mort plutôt que de renoncer à sa concupiscence et à la perspective d’un coït… Rien de très fondamental en soi. Pourtant, de ce portrait d’une extraterrestre comme représentation universelle de la condition féminine se dégage une vibrante mélancolie. Réduite à un pur objet sexuel, la femme n’est alors plus qu’une enveloppe. Littéralement.

De Jonathan Glazer. Avec Scarlett Johansson, Jeremy McWilliams, Paul Brannigan. Royaume Uni. 1h47. SORTIE LE 25 JUIN

 

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