ALBERT À L’OUEST : chronique

02-07-2014 - 10:00 - Par

Seth MacFarlane se la joue cow-boy dans un western parodique aussi inégal qu’attachant. Du n’importe quoi avec pas mal de panache !

C’est peu dire qu’après l’énorme succès de TED, Seth MacFarlane était attendu au tournant. À Hollywood, on ne dynamite pas impunément le box-office sans en payer le prix. Le retour de bâton va donc être frontal ! Et ça tombe bien, ALBERT À L’OUEST, en grand film burlesque, tend la joue et attend, avec une pointe de masochisme, sa raclée ! C’est toute la perversité comique de MacFarlane de foncer droit dans tous les écueils possibles et inimaginables. ALBERT À L’OUEST a quelque chose de gargantuesque dans sa manière d’accumuler sans vergogne – ni même vraiment de raison – une montagne de gags totalement incontrôlables. Il ne s’interdit rien. C’est à la fois sa force et inévitablement sa faiblesse. En choisissant de faire un western parodique, MacFarlane opte pour une forme anachronique. Son héros, Albert, fermier pataud et trouillard qui va devoir se transformer en cow-boy téméraire pour reconquérir sa belle, ainsi que les autres caricatures du film, renvoient au genre disparu du western comique. Au milieu de toutes ces comédies modernes, ALBERT À L’OUEST a donc quelque chose d’un peu ringard. Mais MacFarlane semble en avoir parfaitement conscience, tant il s’ingénie à inscrire son film dans toute une tradition parodique allant de Jerry Lewis au ZAZ en passant par les Monty Python. Pas franchement vintage, juste un peu désuet, son second long-métrage cherche à réanimer le grand spectacle comique familial des 80’s. L’auteur des génialement trash GRIFFIN ou AMERICAN DAD se serait-il assagi ? Pas complétement et c’est bien là où le film peine à trouver son équilibre. Au milieu de ce récit un peu pépère qui enfile les petits décrochages et décalages burlesques sympathiques, l’auteur ne peut s’empêcher de se lancer dans des vannes salaces ou des digressions scatologiques, tantôt réjouissantes, tantôt hors de propos. Très réussi quand il pose un regard décalé et absurde sur le Far-West, le ton du film vire à la mièvrerie un peu lourdingue quand il se jette à corps perdu dans la romance. Il y a trop de gags, trop de stars et de personnages, trop d’idées à la minute dans cet ALBERT A L’OUEST, qui, avec ses fragilités, ressemble étonnamment plus que TED à un premier film. Mais justement, ce jusqu’au-boutisme de la vanne, cette façon de croire dur comme à fer à la coexistence de tous les styles d’humour, cette manière qu’a l’auteur d’être droit dans ses bottes, la blague au fusil, rend le film profondément attachant. À défaut du feu d’artifice de TED, on se satisfera donc, sans bouder notre plaisir, des pépites que recèle cette « Ruée vers la Vanne » joliment old school.

De Seth MacFarlane. Avec Seth MacFarlane, Charlize Theron, Amanda Seyfried. États-Unis. 1h56. SORTIE LE 2 JUILLET

 

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