SEX TAPE : chronique

09-09-2014 - 10:31 - Par

Plus méchant que potache, SEX TAPE ausculte le bonheur conjugal dans une comédie plus maligne qu’elle en a l’air !

Contrairement à son énoncé « tape-à-l’œil », SEX TAPE n’est pas une comédie régressive qui poufferait telle une adolescente ingrate à son premier cours d’éducation sexuelle. Non, SEX TAPE regarde « la chose » en face et le fait plutôt bien. Loin d’être un défouloir « con-con » riant grassement devant les « gens tout nus », la comédie écrite et interprétée par Jason Segel dépasse très vite le clinquant de son titre pour s’aventurer dans des zones comiques nettement plus subtiles. Dans la lignée de ses précédentes collaborations avec Nicholas Stoller, Segel fait de l’intime le terrain de jeu du burlesque. Annie et Jay sont parfaits ; ils s’aiment, ont une belle maison, de beaux enfants. Tout va bien. Seul souci : ils ne font plus assez l’amour. Ce hic va déclencher une tempête absolument tordante, car Segel, en bon disciple de Blake Edwards et de James L. Brooks, sait que l’angoisse peut être le plus grand des moteurs comiques. Durant une première partie, le film fait donc le portrait à la fois cocasse et tendre d’un couple qui panique. Faisons vite l’amour pour être sûrs de s’aimer encore! Filmés comme des sportifs sur-entraînés, les deux amoureux découvrent sur le terrain que les choses ne sont pas si simples. Finie la spontanéité des coïts d’antan ! Quand ce n’est pas le quotidien qui les éloigne, c’est le corps qui ne tient plus le coup. Avec un mélange d’hébétude, d’amertume et de nostalgie aussi drôle que touchant, Annie et Jay pourraient bien finir par baisser les bras. À moins de bousculer leur confort bourgeois et de se prendre, le temps d’un soir, pour des apprenties pornstars ! Fiers de leur petit dévergondage, Annie et Jay croient avoir surmonté tous les obstacles et paradent avec leur bonheur retrouvé ! Heureusement, un « deus ex machina » sponsorisé par Steve Jobs fait basculer le film dans une nuit infernale pour effacer la vidéo qui s’est répandue dans la ville ! Intelligemment, cette course-poursuite tend au couple un miroir déformant qui titille son puritanisme et révèle ses vrais soucis conjugaux. Au hasard des rencontres, le film s’enfonce plus profondément dans une Amérique bourgeoise déglinguée et insatisfaite qui va apprendre à Jay et Annie à embrasser leurs défauts et leurs erreurs. Hantés par ce que pourrait dévoiler cette vidéo d’eux, ils pourraient bien finir par accepter et aimer ce qu’ils sont devenus. Avec son lot de seconds rôles décalés (Rob Lowe, à son maximum!) et porté par le génie comique un brin maso de Jason Segel, SEX TAPE radiographie le couple et ses contradictions avec méchanceté et tendresse. Pas si inoffensif que cela, donc !

De Jake Kasdan. Avec Jason Segel, Cameron Diaz, Rob Lowe. États-Unis. 1h37. Sortie le 10 septembre

 

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