Toronto 2014 : WHAT WE DO IN THE SHADOWS / Critique

04-09-2014 - 21:52 - Par

Que font les vampires, dans les ténèbres, quand tout le monde dort ? Principalement, toutes sortes de choses ridicules chroniquées dans ce poilant faux documentaire.

Depuis le triomphe du PROJET BLAIR WITCH, le found footage est partout, décliné à toutes les sauces, presque dans tous les genres, jusqu’à l’usure. Au point que, si BLAIR WITCH avait su un temps semer chez certains le doute sur sa véracité, plus personne ne peut se laisser berner par le genre. Peut-on vraiment encore flouter la frontière entre réalité et fiction, la caméra numérique au poing ? Peut-on retourner aux sources de l’aîné du found footage, le mockumentary, et à ses heures glorieuses marquées par des films comme PRENDS L’OSEILLE ET TIRE-TOI ou SPINAL TAP ? Puisqu’il semble désormais difficile de faire grossièrement passer des vessies pour des lanternes en moquant le réel, les réalisateurs Taika Waititi (EAGLE VS SHARK, BOY) et Jemaine Clement (l’un des deux membres de Flight of The Conchords, qui campe ici également un des rôles principaux) décident de jouer clairement la carte du grotesque et de l’absurde et mettent en scène une bande de vampires vivant à Wellington, Nouvelle-Zélande, que suit une équipe de reporters. Alors que font les vampires de si fascinant dans les ténèbres ? Eh bien pas grand-chose, si ce n’est s’étriper sur le partage des tâches ménagères lors de « réunions de colocataires », organiser des dîners zarbis dont les convives gênés finiront au menu, tenter des sorties en boîte alors qu’aucun videur ne souhaite réellement les inviter à entrer dans les lieux… WHAT WE DO IN THE SHADOWS excelle dans sa manière d’user des codes et des règles de l’univers des vampire pour en tirer le ridicule et pousser le non sens dans ses derniers retranchements. Sans pour autant oblitérer totalement la glaçante force d’évocation de la figure vampirique – quelques scènes s’avèrent même d’une puissance horrifique assez marquante –, Waititi et Clement prennent le mythe par le bout de la déconne et font tourner en bourrique toute son imagerie. « On boit du sang de vierges parce que ça sonne vraiment cool », lance ainsi Deacon, 183 ans au compteur, persuadé de son sex appeal et du bien fondé de son look gothico-disco. Si comme souvent dans les comédies à concept le rythme a tendance à fléchir, WHAT WE DO IN THE SHADOWS parvient toujours à surpasser ses faiblesses, à relancer l’intérêt du spectateur et la machine comique grâce à ses personnages bien croqués, à une foule d’idées (un mortel tente d’apprendre aux vampires l’utilité des nouvelles technologies) ou à des dialogues voués à être scandés lors de soirées cinéphiles alcoolisées (« Bat fight !!! »). Autant dire que si l’on ne tient pas là un mockumentary de la trempe du Pape SPINAL TAP, ce WHAT WE DO IN THE SHADOWS demeure une franche réussite, tant pour son amour et sa connaissance de la culture vampirique (jusqu’à la mélancolie romantique qui le parcourt dans son dernier acte), que pour le sérieux avec lequel il se démène à ne pas l’être, sérieux.

De Taika Waititi et Jemaine Clement. Avec Jemaine Clement, Taika Waititi, Jonathan Brugh. Nouvelle-Zélande. 1h25. PROCHAINEMENT

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.