Toronto 2014 : REVENGE OF THE GREEN DRAGONS / Critique

Tirée d’une histoire vraie, cette collision des films de gangster US et HK tombe totalement à plat.

Martin Scorsese producteur exécutif du nouveau Andrew Lau. Un argument alléchant puisque les deux hommes ont un passif commun prestigieux : le premier a réalisé LES INFILTRÉS, remake d’un des succès du second, INFERNAL AFFAIRS. Renvoi d’ascenseur de Marty ou coup de com’ factice ? On ne le saura évidemment jamais, mais l’on se demande bien comment le cinéaste américain a pu apposer son nom à ce REVENGE OF THE GREEN DRAGONS. Le pitch ? À New York, dans les années 80, deux jeunes garçons venus de Chine sont embrigadés dans un gang du Queens, les Green Dragons. Avec leurs acolytes, ils vont faire régner la terreur dans la communauté chinoise et être les acteurs d’une terrible guerre des gangs. Sur le papier, un tel sujet ne peut que susciter la curiosité, voire l’enthousiasme. Sauf que REVENGE OF THE GREEN DRAGONS ne le traite pas, son sujet. Constitué de voix off informatives bien trop didactiques, envahissantes et ennuyeuses, le scénario ne bâtit aucun univers, ne donne de chair à aucun personnage. Alors même qu’il prétend être plus qu’un actioner lambda. Les scènes se succèdent en mode aléatoire, sans jamais qu’aucune d’elle n’ait le temps de se déployer, empêchant de facto la mise en place de la moindre ambiance ou de la moindre tension. Tout juste assiste-t-on, passifs, à une succession de fusillades, de trahisons, de clichés romantiques mal troussés, de trafics en tout genre, de plans de gangsters marchant au ralenti sur de gros riffs de guitare électrique, le tout entrecoupé de courtes séquences dialoguées aux répliques croquignolettes (« Une tempête arrive, inspecteur, et je ne crois pas que le moindre parapluie soit capable de garder cette ville à l’abri de la pluie »). Si bien qu’en dépit de sa courte durée (90 minutes), REVENGE OF THE GREEN DRAGONS semble durer des heures. Des heures se résumant à un ‘training montage’ sauce gangster où la narration n’a aucune espèce d’importance. Sans doute y avait-il un film, un vrai, sous ce maelstrom incohérent d’influences croisées US/HK. En l’état, REVENGE OF THE GREEN DRAGONS a si peu prise sur ce qu’il raconte et engage si peu le spectateur à s’immerger dans son histoire qu’il semble parfois être un remontage arbitraire d’un film plus long.

D’Andrew Lau et Andrew Loo. Avec Justin Chon, Kevin Wu, Harry Shum Jr. Hong Kong / États-Unis. 1h30. Prochainement