PRIDE : chronique

17-09-2014 - 10:14 - Par

Le socioréalisme anglais a le sourire en relatant la solidarité, sous Thatcher, entre la communauté gay et les ouvriers.

Tout débute par un air festif et syndicaliste, joué au banjo, qui serine « Solidarity for ever ». C’est à l’image du film, qui, malgré ses atours socioréalistes purs et durs, est en fait un crowdpleaser. PRIDE vise donc à mettre le public en joie – beaucoup d’humour et une bande-son revival des 80’s à s’en taper les cuisses (genre Bronski Beat) de rigueur– avec des thèmes qui prêtent moyennement à rire. Comme l’anéantissement de la classe prolétaire par le thatchérisme, ou l’homophobie rendue encore plus prégnante avec l’arrivée du sida. Une ambiance délétère qui rapproche forcément ceux qui en souffrent. Le choc des cultures citadins/ouvriers ou encore gays/travailleurs manuels très virils a beau être un ressort narratif vieux comme le cinéma, il fonctionne d’autant mieux lorsqu’il est mis en scène avec une certaine générosité. Ainsi Matthew Warchus, éminence du théâtre britannique et des musicals, y va d’une grande exubérance : les personnages ont le verbe haut, les homophobes ont l’injure mesquine, le trait est parfois un peu forcé, mais une familiarité rassurante se dégage du film. On est sur le terrain connu du cinéma de gauche, militant, prônant la solidarité face au grand méchant gouvernement libéral. Le film cristallise une époque, où l’entraide – gratuite –, comme ici entre les homosexuels et les travailleurs, a pu sauver les meubles d’une apocalypse sociale. Comme une pièce de théâtre Off Broadway –où l’on parlerait d’outsiders comme de héros résistants et libres –, PRIDE fait valser les personnages avec une écriture sophistiquée qui offre à chacun d’eux un caractère bien distinct. PRIDE est populaire et commercial, il faut donc que tout le monde s’y reconnaisse : il y a ainsi le mineur homophobe et agressif, le mineur homophobe mais sympa au fond, le mineur complètement gay friendly (Paddy Considine, toujours émouvant), et le mineur gay; le gay arrogant qui méprise les mineurs qui n’aiment pas les gays, le gay qui n’a jamais dit à ses parents qu’il était gay (excellent George MacKay), mais globalement le film se concentre sur toute une communauté homosexuelle qui, révoltée par l’oppression qu’elle connaît trop bien, décide spontanément d’aider ceux que la droite capitaliste écrase, en espérant qu’un jour, peut-être, ils feront preuve d’autant d’empathie à son égard. De ce fait méconnu de la sidérante époque « Angleterre 1980’s », Warchus (et son scénariste Stephen Beresford, dont il faut saluer la plume) tire une cartographie de la solidarité en temps de crise profonde et, sans nier la dimension très noire de son tableau, offre un film positif et galvanisant.

De Matthew Warchus. Avec Bill Nighy, Paddy Considine, George MacKay. Grande-Bretagne. 1h57. Sortie le 17 septembre

 

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.