HUNGER GAMES : LA RÉVOLTE – PARTIE 1 : chronique

19-11-2014 - 11:44 - Par

Tout en retenue et sans moment de bravoure, le troisième HUNGER GAMES s’affiche en blockbuster anti-spectaculaire. Audacieux et souvent passionnant, même si bancal.

Après avoir détruit l’arène dans laquelle se déroulaient les Jeux de l’Expiation, Katniss se réveille au sein du District 13, bunker militaire souterrain. Là, Plutarch Heavensbee et la Présidente Coin l’exhortent à devenir l’image de la rébellion, le Geai Moqueur qui poussera la population à se révolter. La jeune femme hésite, jusqu’à ce qu’elle découvre que Peeta est devenu, aux mains du président Snow, un agent de propagande pour le Capitole… Pour son troisième et avant-dernier volet, la saga HUNGER GAMES dépose les armes. Peut-on décemment dépenser 150 millions de dollars – hors coûts marketing – pour un film ne se reposant que sur ses personnages, ses dialogues, son récit et ne livrer à un public nourri au popcorn aucun moment de bravoure ? Le réalisateur Francis Lawrence et les producteurs de HUNGER GAMES répondent avec audace par l’affirmative. La plus grande surprise de ce troisième volet réside ainsi dans sa grande retenue. Même si LA RÉVOLTE – PARTIE 1 est, comme ses deux prédécesseurs, porté par une imagerie d’une grande violence – de terribles exécutions sommaires ou des images renvoyant au cauchemar post-apo de TERMINATOR 2, notamment –, ce troisième volet refuse toute effusion spectaculaire et ne répond ainsi à quasiment aucune condition pyrotechnique du ‘super movie’ contemporain. Il s’attarde plutôt sur le destin de son héroïne, la troublante et troublée Katniss, dernière rose vivante d’un bouquet fané, icône à qui l’on tente de fabriquer des élans de passionaria quand elle espère juste sauver sa peau et les quelques liens d’amour qui la lient à sa famille et ses amis. À bien des égards, on pourra voir ici un portrait en creux de Jennifer Lawrence elle-même, tant l’actrice, 24 ans à peine, semble en trois ans avoir été façonnée arbitrairement par une industrie en quête de modèles. Surtout, LA RÉVOLTE – PARTIE 1 continue de prouver sa supériorité sur la totalité des films ‘Young Adults’ et explore avec talent des idées fortes et complexes. Dans ce monde où un dictateur cite le contrat social pour mieux le fouler au pied et en faire la base de son système d’oppression, LA RÉVOLTE s’interroge : en usant de la propagande la plus superficielle et artificielle, la rébellion ne s’abaisse-t-elle pas au même niveau que son adversaire ? En renvoyant ironiquement à l’imagerie du marketing viral, les spots de la rébellion pourraient mener les jeunes spectateurs à questionner leur monde d’images interconnectées… Rongé par la tristesse et la contrition, LA RÉVOLTE – PARTIE 1 aligne même quelques superbes idées – Katniss et Peeta, séparés par des écrans faisant d’eux des armes politiques, parviennent finalement à communiquer quand les images de leur propagande respective se superposent sur une télé. Pourtant, en dépit de ses innombrables qualités, LA RÉVOLTE – PARTIE 1 trébuche justement sur sa trop grande sobriété. Là où les deux premiers volets savaient parfaitement user de leur propos pour laisser émerger des élans sentimentaux poignants, ce troisième volet, si concentré sur son histoire et sur la mise en place du climax que constituera le quatrième et ultime film, manque d’une étincelle, d’une certaine folie pouvant créer une émotion sincère et durable. Un problème d’autant plus dommageable que, même dans son message, LA RÉVOLTE – PARTIE 1 ne s’avère pas toujours irréprochable : parfois bêtement didactique (« Ce n’est pas subtil. Comme la guerre », dit Plutarch…), le film apparaît trop long, trop flottant et quelque peu redondant dans l’exposé de ses enjeux et de ses idées.

De Francis Lawrence. Avec Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson, Liam Hemsworth, Julianne Moore, Philip Seymour Hoffman. États-Unis. 2h03

 

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.