ASTÉRIX – LE DOMAINE DES DIEUX : chronique

26-11-2014 - 12:03 - Par

Touche-à-tout intrépide, Alexandre Astier signe l’adaptation d’Astérix la plus fédératrice et ambitieuse depuis MISSION CLÉOPÂTRE.

Le rythme des transpositions sur grand écran de l’irréductible village gaulois s’est intensifié depuis le premier film live signé Claude Zidi. Son succès engendra logiquement des suites, jusqu’à AU SERVICE DE SA MAJESTÉ, doté d’un budget délirant. De cette période, on retient le MISSION CLÉOPÂTRE d’Alain Chabat qui apporta un vent bienvenu de fraîcheur et d’absurdité. Ainsi, la direction artistique assez laide de Liberatore se voyait contrebalancée par une bonne dose d’humour « Nul ». Chabat avait parfaitement compris que le comique d’Astérix se nourrissait de son époque et qu’une évolution était indispensable pour sa survie. L’arrivée d’Alexandre Astier, artiste multicarte à l’univers singulier, dans l’Armorique gauloise, laissait augurer du meilleur. Le choix d’Astier s’est donc arrêté sur une version animée du « Domaine des Dieux » : lassé d’être ridiculisé par le village d’Abraracourcix, César décide de l’encercler avec un complexe résidentiel à la romaine afin de priver les Gaulois de la forêt essentielle à leur mode de vie et, à terme, de les civiliser. « Le Domaine des Dieux » se révèle d’autant plus intéressant qu’il figure, avec « La Zizanie » et « Obélix et Compagnie », parmi les albums où l’histoire ne se concentre plus sur une lutte frontale et assumée des Gaulois contre Rome mais plutôt sur une stratégie insidieuse de César visant à diviser de l’intérieur le village des irréductibles pour mieux régner. C’est-à-dire un épisode faisant la part belle aux joutes orales sanguines avant une avalanche de baffes gallo-gauloises, un exercice dans lequel Astier a largement fait ses preuves avec la série KAAMELOTT. Sur ce point, LE DOMAINE DES DIEUX bénéficie de saillies verbales percutantes et fleuries, même s’il lui manque ce jusqu’au-boutisme frappadingue qui contaminait MISSION CLÉOPÂTRE. En revanche, Astier marque un point crucial en faisant appel à Louis Clichy pour coréaliser le film. Fort de son expérience chez Pixar sur WALL-E et LÀ- HAUT en tant qu’animateur, ce dernier réussit à réinventer visuellement, avec force volumes infographiques, la richesse bouffonne du trait d’Uderzo dans des décors somptueux. Le duo va même plus loin en réaménageant le scénario, quitte à prendre des aiguillages différents pour verser dans le spectaculaire avec moments de suspension comme on en croise si souvent dans les productions outre-Atlantique. D’une certaine manière, LE DOMAINE DES DIEUX « blockbusterise » l’œuvre de Goscinny et Uderzo et cela lui réussit plutôt bien. Comme quoi, Astérix peut être gaulois jusqu’au bout des ailes de son casque et transpirer la classe américaine.

D’Alexandre Astier et Louis Clichy. Avec les voix de Roger Carel, Alain Chabat. France. 1h22. Sortie le 26 novembre

 

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