EXODUS : GODS AND KINGS : chronique

24-12-2014 - 09:19 - Par

Ridley Scott fait ce qu’il sait très bien faire : une épopée en costumes, avec des chevaux et des discours exaltés. Rien à redire.

Moïse (Christian Bale), élevé comme un fils par Seti (John Turturro), découvre sur le tard qu’il appartient au peuple hébreu. Que l’Égypte, et plus particulièrement son « frère »-roi, Ramsès (Joel Edgerton), ait réduit les siens en esclavage le fait sombrer dans un mélange dévorant de colère et de transe. Lui qui ne croyait en rien, pas même aux prophéties, devient l’élu : Dieu lui ordonne de mener les Hébreux au Pays de Canaan. Même s’il faut en passer par dix plaies et du sang versé. L’histoire, on la connaît. Ridley Scott en donne sa version, aussi biblique que rationnalisée par des explications scientifiques valant ce qu’elles valent. Contrairement à NOÉ, autre film empruntant aux écrits sacrés, EXODUS se refuse tout débordement baroque, toute envolée spirituelle. C’est ce qui l’empêche d’être aussi poétique que le film de Darren Aronofsky, même s’il partage avec lui le même thème du fanatisme. Car c’est bien ce dont traite le péplum de Scott : du rapport extrémiste entre les Hommes et le dieu de leur croyance ; des réactions explosives découlant de toute volonté de subordonner un peuple ou une religion. Ridley Scott a fait preuve de maladresse en choisissant ses acteurs (pour les rôles principaux, il a casté des caucasiens – jusqu’à l’inutile Tuya, jouée par Sigourney Weaver) : même s’il justifie son choix en parlant du diktat hollywoodien, on tique parfois devant Edgerton travesti en pharaon, à grand renfort de khôl. Mais Scott a la folie des grandeurs. Aidé par les nouvelles technologies, le réalisateur a voulu faire encore plus épique que GLADIATOR, son péplum-référence. Le problème étant que, d’une part, le numérique n’est pas tout le temps géré dignement, et de l’autre, qu’il ne parvient jamais à renouveler son langage. Le film évolue sur des rails. EXODUS a le même rythme que son aîné, il lui emprunte des idées de mise en scène et des plans. La scansion est parfois la même dans les grands discours exaltant les armées. Quiconque connaît son cinéma sera en terrain connu. On anticipe les silences d’après le vacarme; on attend les chevaux déboulant au bout d’une ruelle sombre; on sait quand les épées seront tirées de leur fourreau. EXODUS n’est jamais surprenant, il est juste – et c’est déjà pas mal – très bien fait. En revanche, il est fort de Christian Bale, qui lui offre une dimension très cérébrale. Mais ce n’est pas lui qui nous a le plus étonnés. Lorsque Dieu vient hanter les visions de Moïse, alors la force du film n’a plus de limites. Sans vouloir vous dévoiler l’identité de son interprète, disons juste qu’il challenge Christian Bale comme peu d’autres acteurs avant lui.

De Ridley Scott. Avec Christian Bale, Joel Edgerton, Aaron Paul. États-Unis. 2h30. Sortie le 24 décembre

 

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