INTO THE WOODS : chronique

28-01-2015 - 09:55 - Par

Une direction artistique fabuleuse, quelques interprétations réjouissantes : un spectacle rondement mené.

Comédie musicale composée par l’inégalable Stephen Sondheim et jouée sur les planches du monde entier depuis 1986, « Into The Woods » devient un film. Le concept est d’utiliser un certain nombre de figures de contes bien connus –Le Petit Chaperon Rouge, Cendrillon, Raiponce…– et de provoquer leur rencontre au sein d’un bois, éprouvette où sera précipité leur destin. Tout démarre sur l’air de « Into The Woods » (chouette chanson), entonné à plusieurs : le boulanger (James Corden), triste de voir que sa femme (Emily Blunt) ne peut tomber enceinte, apprend de la sorcière (Meryl Streep) qu’il a été accablé d’un sort d’infertilité, pour les fautes de son père. Afin de lever le sortilège, il doit réunir des artefacts qu’il trouvera dans la forêt. Jack (Daniel Huttlestone) doit rejoindre le marché et vendre sa vache, qui ne donne pas assez de lait, mais finit par l’échanger contre des haricots magiques. Cendrillon (Anna Kendrick) se rend sur la tombe de sa mère pour partager avec elle son envie d’aller au bal du Prince (Chris Pine). Le Petit Chaperon rouge (Lilla Crawford), les poches pleines des pains du boulanger, chemine vers la cabane de sa grand-mère, malade, et croise Monsieur Le Loup (Johnny Depp, de passage). En l’espace de trois nuits, chacun va vivre sa vie de héros de conte… et plus encore. Le scénario originel (celui de la pièce) a été dégraissé de plusieurs arcs narratifs et de sa dimension la plus violente pour revêtir l’efficacité d’un produit de cinéma. Car INTO THE WOODS est un pur film de studio. Par sa production, carrée, propre, maîtrisée voire compassée, par les numéros professionnels de quelques enfants-stars et le cabotinage obligatoire (c’est le rôle qui le veut) d’une Meryl Streep en route pour une 136e nomination aux Oscars. INTO THE WOODS a été fabriqué pour être un sur- spectacle. Si cette quête de perfection peut irriter par son manque de chair, de défauts qui feraient son charme, plusieurs qualités rendent le film plus chaleureux : la prestation émouvante de James Corden, en petit homme terrorisé par la paternité, celle – rigolote et croquignolette – de Chris Pine en Prince vaniteux et queutard, la fraîcheur d’Anna Kendrick, flamboyante girl next door, et surtout une direction artistique assez sublime. Les décors revêtent au fil du temps une artificialité grandiose et inquiétante – reflétant la tragédie dans laquelle sombre le récit. INTO THE WOODS a le mérite de réécrire, par l’image, le voyage émotionnel de héros que le temps et la tradition orale ont figés. C’est très ludique, parfois poignant, comme peuvent l’être les divertissements les mieux produits.

De Rob Marshall. Avec James Corden, Emily Blunt, Meryl Streep. États-Unis. 2h04. Sortie le 28 janvier

 

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.