SHAUN LE MOUTON : chronique

01-04-2015 - 09:55 - Par

De retour sur le grand écran, Shaun offre à Aardman l’occasion de revenir aux fondamentaux de son savoir-faire inimitable.

Shaun vient de souffler ses 20 bougies. Introduit dans RASÉ DE PRÈS, inoubliable aventure de Wallace & Gromit, le mouton fit une belle entrée en matière. L’avènement de sa série en 2007 permit à l’ovidé d’embrasser le statut de star. Il faut dire que les studios Aardman avaient mis sur les rails une locomotive : des saynètes bucoliques dans la campagne anglaise dénuées de toute parole intelligible et reposant sur un sens comique visuel digne du cinéma muet, le tout emballé en sept minutes chrono. Soit la formule d’un carton. Avec 130 épisodes au compteur et une diffusion dans près de 40 pays, l’idée d’emmener Shaun et son troupeau vers les pâtures plus larges du cinéma était plus que tentante, avec, comme toujours, cette problématique : transformer un format court en un long-métrage tenant la route. Ainsi le pitch de SHAUN LE MOUTON ne dépaysera pas les habitués de la série : le train-train du quotidien à la ferme, c’est-à- dire un poil répétitif et assommant, commence à taper sur les nerfs du cheptel laineux, qui aimerait bien avoir ne serait-ce qu’une journée de détente. Un peu à la manière de « La Ferme des animaux » d’Orwell pour rire, le facétieux Shaun élabore alors un stratagème alambiqué pour tenir à l’écart le fermier. Hélas, le plan, reposant sur un endormissement de ce dernier dans une caravane déglinguée, part complètement à la dérive… vers la mégapole voisine. Conscient du chaos qu’il a engendré, Shaun prend son baluchon pour aller chercher le fermier dans cette ville grouillante de dangers. À commencer par un agent de la fourrière particulière- ment obstiné. Le film symbolise un double retour, à la fois celui d’un personnage emblématique de la galaxie Aardman et le retour aux racines british. Avec le pilier Richard « Golly » Goleszowski aux manettes (sous le nom Starzak) exécutant une partition signée Nick Park, SHAUN LE MOUTON fait l’effet de revoir une œuvre Aardman 100% bio, garantie sans OGM, ni contraintes hollywoodiennes. Démarrant avec un art du montage que l’on n’avait pas revu depuis WALLACE & GROMIT – UN SACRÉ PÉTRIN, SHAUN LE MOUTON est ce cas séduisant d’une histoire simple de sauvetage électrisée par la frénésie burlesque et l’inventivité de savant fou propres à Aardman. Le rire est toujours en embuscade, entre le slapstick pur, l’ironie sur la vanité londonienne et les trouvailles visuelles hilarantes. SHAUN LE MOUTON incarne le meilleur du film familial devant lequel les plus jeunes s’émerveillent tandis que les grands enfants se gondolent en voyant les hommages subtils au SILENCE DES AGNEAUX et TAXI DRIVER. Un immanquable agneau pascal.

De Richard Starzak & Mark Burton. Animation. Royaume-Uni / France. 1h25. Sortie le 1er avril

 

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