Cannes 2015 : MARYLAND / Critique

17-05-2015 - 22:15 - Par

D’Alice Winocour. Sélection officielle, Un Certain Regard.

Pitch : De retour d’Afghanistan, Vincent, victime de troubles de stress post-traumatique, est chargé d’assurer la sécurité de Jessie, la femme d’un riche homme d’affaires libanais, dans sa propriété « Maryland ». Tandis qu’il éprouve une étrange fascination pour la femme qu’il doit protéger, Vincent est sujet à des angoisses et des hallucinations. Malgré le calme apparent qui règne sur « Maryland », Vincent perçoit une menace extérieure…

Avec sa musique signée Gesaffelstein, MARYLAND pique un peu à DRIVE. Et son pitch ressemble aussi à celui de BODYGUARD. Grande baraque. Femme menacée (ici l’épouse d’un marchand d’armes, autrefois une chanteuse). Garde du corps aux réflexes exagérés par un trauma (ici le Syndrome Post Traumatique, autrefois une faille dans la sécurité du Président). Attentat dont le jeune fils sort ébranlé (tentative de kidnapping / attentat à la bombe). Et le plus troublant : on rêve chez Winocour à la sérénité des lacs canadiens, à une retraite en pleine nature pour échapper à la violence. Que ceux qui ont vu Kevin Costner plonger dans l’eau glacée pour sauver la vie de Fletcher lèvent la main. Le film de Mick Jackson était aussi hollywoodien et cul-cul que MARYLAND est rivé au fantasme de midinette, au réalisme français, aux lumières crues et aux décors moches. Obsédé par l’iconisation de Matthias Schoenaerts dans un personnage torturé – comme en son temps un Refn avait la caméra bandante pour un Ryan Gosling mutique –, Winocour passe trop de temps à simuler une quelconque complexité et à créer artificiellement sa paranoïa, via un travail assez scolaire sur le son et un montage sensé retranscrire l’affolement (en vain). Puis vient l’accident central, la raison pour que le film passe au second acte : alors que la grosse berline de madame (jouée péniblement par Diane Kruger, mal servie) a été le théâtre d’une énième crise parano (pas cool, le garde du corps s’est mis à conduire trop vite dans les virages), des malfaiteurs perpètrent une tentative d’enlèvement, devant les yeux apeurés de son fils. Heureusement, le malabar Vincent a tiré dans le tas (les séquences de baston impliquant Schoenaerts sont efficaces). Les flics, plus intéressés par les malversations du mari parti en voyage que par la violente agression, n’y prêtent que peu d’intérêt. Et nos trois rescapés de rentrer se coucher, sans aucune autre forme de traumatisme. Littéralement, si l’événement est fondateur dans les faits (toute la seconde partie du film découle de l’attentat et oblige l’action au repli), il n’a aucune incidence psychologique. Winocour échoue totalement à construire la tension, confine son film au factuel sans pour autant en faire un film physique d’action, la faute à un scénario très sommaire et recyclé et une sous-écriture des personnages.

D’Alice Winocour. Avec Matthias Schoenaerts, Diane Kruger, Paul Hamy. France. 1h40. Prochainement

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