Cannes 2015 : L’HOMME IRRATIONNEL / Critique

16-05-2015 - 12:31 - Par

De Woody Allen. Sélection officielle, hors compétition.


Pitch : Professeur de philosophie, Abe Lucas est un homme dévasté sur le plan affectif, qui a perdu toute joie de vivre. Peu après son arrivée dans l’université d’une petite ville, Abe entame deux liaisons. D’abord, avec Rita Richards, collègue en manque de compagnie qui compte sur lui pour lui faire oublier son mariage désastreux. Ensuite, avec Jill Pollard, sa meilleure étudiante, qui devient aussi sa meilleure amie. C’est alors que le hasard le plus total bouscule le destin de nos personnages dès lors qu’Abe et Jill surprennent la conversation d’un étranger et s’y intéressent tout particulièrement. Après avoir pris une décision cruciale, Abe est de nouveau à même de jouir pleinement de la vie. Mais ce choix déclenche une série d’événements qui le marqueront, lui, Jill et Rita à tout jamais.

On croit en Woody Allen comme on croit au Père Noël. Parce que ça nous rassure, parce qu’on s’y est gentiment habitué, que ça fait partie des traditions, on tolère de ce bon vieux Woody des gentils écarts, des films passables mais charmants, des petites fables un poil désuètes mais amusantes, bref tout un tas de films assez oubliables. L’HOMME IRRATIONNEL marque hélas un point d’arrêt. Ça y est, ça suffit, on n’y croit plus ! Ce nouvel opus révèle de manière assez sidérante tout ce qui ne va plus chez Woody. Du scénario faussement malin au petit ton plus pédant que brillant, du jeu très appuyé des comédiens à la musique jazzy par tartine, tout dans cette histoire de prof de philo déglingué va de travers. Avec L’HOMME IRRATIONNEL, Allen croit sûrement se renouveler en naviguant entre comédie romantique et film policier. Mais cette énième variation sur Crime et Châtiment (lourdement cité) s’avère surtout n’être qu’une redite paresseuse de MATCH POINT, dernier véritable excellent film d’Allen. Comme si Woody n’avait plus rien à raconter, il se contente de déguiser ses classiques et enfile gentiment ses pantoufles pour un film dénué de charme, d’idées et même d’émotions. Son personnage principal, prof de philo tenté par le crime, égrène ses références à la pelle, ricane et ironise et l’on se demande bien pourquoi son cas pourrait nous intéresser. Idem pour la midinette naïve dont les atermoiements agacent très vite. Noyant son propos policier sous de fumeux prétextes existentiels, le film patine, noyé sous les voix off explicatives superfétatoires. Quand tout ça vire à la leçon de vie et à la morale prête à emporter, on baisse les bras. La comédie n’est pas drôle, la romance n’est pas charmante et le polar ennuie. A vouloir jouer sur tous les tableaux, Woody les rate un à un. Reste la prestation amusée de Joaquin Phoenix, ravi de fumer cigarettes sur cigarettes et d’enchaîner les verres pour jouer la déprime destroy. Sinon, cet HOMME IRRATIONNEL est à oublier.

De Woody Allen. Avec Jamie Blackley, Joaquin Phoenix, Parker Posey, Emma Stone. Etats-Unis. 1h37. Sortie le 14 octobre 2015

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