Cannes 2015 : SLEEPING GIANT / Critique

16-05-2015 - 11:50 - Par

D’Andrew Cividino. Semaine de la Critique.

Pitch : Adam passe les vacances d’été avec ses parents sur le lac Supérieur. Sa routine vole en éclats lorsqu’il rencontre Riley et Nate, deux cousins très sûrs d’eux qui occupent leur temps libre entre débauche et sauts du haut des falaises. La révélation d’un secret douloureux oblige Adam à agir de façon irréversible, ce qui mettra à l’épreuve les liens d’amitié entre les trois adolescents et les changera définitivement.

L’adolescence au cinéma est un sujet à la fois universel et singulier. Tout tient au charme et à la précision du regard. Filmer un corps qui change, un monde qui se transforme, faire du temps qui passe le sujet même de son film demande une façon de traiter le quotidien soit de manière romanesque soit de manière purement mystique. THE SLEEPING GIANT hésite, tergiverse et ne tranche jamais. D’où un film bancal dont la banalité voulue du sujet finit par tout envahir. En soit, la copie rendue n’est pas déshonorante. Andrew Cividino applique à la lettre les codes du teen movie indé : caméra aérienne, bande son folk, réalisme granuleux, jeunes acteurs criant de naturel. On pense à certains clips de Spike Jonze devant ces adolescents dégingandés, filmés avec pudeur. Ou à une forme aimante et chaleureuse d’un possible film de Larry Clark. Le souci c’est que rien ne vient singulariser le regard de Cividino. Le film ploie sans cesse sous toutes les références possibles, à commencer par l’une des plus handicapantes et revendiquées par l’auteur : STAND BY ME. Grosse erreur que de vouloir s’inscrire dans la filiation de ce film devenu « culte ». THE SLEEPING GIANT ne peut être que décevant à ce niveau-là. Le réalisateur croit trop à la subtilité des non-dits et pas assez à la force primitive de son récit. On aurait aimé que les paysages magnifiques de ces îles rocailleuses servent à mettre en scène ces adolescents comme des hommes des cavernes ou même des pionniers, un peu à la manière de THE KINGS OF SUMMER. Mais THE SLEEPING GIANT est tout de suite rattrapé par le drama familial et resserre son récit vers un final étonnamment peu émouvant malgré les graves enjeux. Anecdotique plus que charmant, ce premier film manque singulièrement d’audace et de prise de risques. Reste un œuvre calibrée, pas désagréable mais vite oubliable.

D’Andrew Cividino. Avec Jackson Martin, Reece Moffett, Nick Serino. Canada. 1h29. Prochainement

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