Cannes 2015 : LA TIERRA Y LA SOMBRA / Critique

18-05-2015 - 14:45 - Par

De César Augusto Acevedo. Semaine de la Critique.

Pitch : Alfonso est un vieux paysan qui revient au pays pour se porter au chevet de son fils malade. Il retrouve son ancienne maison, où vivent encore celle qui fut sa femme, sa belle-fille et son petit-fils. Il découvre un paysage apocalyptique. Le foyer est cerné par d’immenses plantations de cannes à sucre dont l’exploitation provoque une pluie de cendres continue. 17 ans après avoir abandonné les siens, Alfonso va tenter de retrouver sa place et de sauver sa famille.

Tout comme il existe des « films Sundance », y a-t-il des « films cannois » typiques ? LA TIERRA Y LA SOMBRA, présenté à la Semaine de la Critique, tend à le prouver. Si le film de César Acevedo marque par son impressionnante photographie, par la précision de ses cadres voire par certaines séquences (une scène de rêve impliquant un cheval, notamment), il peine à survivre à certains des ses parti pris. Dans le premier plan du film, long et fixe, un homme seul remonte une route poussiéreuse prisonnière d’un champ de canne à sucre. Au loin, un camion emprunte le même chemin. Barré d’un logo ‘Peligro’ (danger en espagnol), l’engin finit par doubler le vieux marcheur, qui se retrouve assailli par un nuage de sable. Les enjeux sont posés, limpides – la ruralité est en danger, assaillie par un ennemi bien plus puissant qu’elle. Peu à peu, on apprend que les champs de canne à sucre ont envahi cette région de la Colombie. Cette culture intensive entraîne la pauvreté des locaux – obligés de collaborer à ce business ou incapables de maintenir leurs propres plantations – et une pluie de cendre quasi permanente. Bien que porté par de pures intentions, LA TIERRA Y LA SOMBRA peine à transmettre l’urgence de la situation connue par les protagonistes et les émotions bouleversantes qui les assaillent. La faute à un traitement rigoriste comme on en a si souvent vu dans un certain type de « films cannois ». Mise en scène parfois inutilement minimaliste, dialogues ânonnés par des personnages apathiques sur un ton monocorde, manque de maîtrise du rythme… LA TIERRA Y LA SOMBRA tombe dans un certain académisme du film auteurisant, s’appesantit lourdement sur chaque plan, sur chaque idée, étire artificiellement son récit et la longueur des scènes, refuse toute énergie et s’épuise dans sa roideur. Si bien qu’au final, le spectateur ne peut réagir pleinement aux vingt dernières minutes, dans lesquelles la tragédie se fait pleinement jour. Aussi révoltante soit-elle, elle ne parvient jamais à émouvoir vraiment, tant LA TIERRA Y LA SOMBRA a auparavant engourdit son public en confondant rigueur et aridité.

De César Augusto Acevedo. Avec Haimer Leal, Hilda Ruiz, Edison Raigosa. Colombie / France. 1h37. Prochainement

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