Cannes 2015 : SONGS MY BROTHERS TAUGHT ME / Critique

19-05-2015 - 13:50 - Par

De Chloé Zhao. Quinzaine des Réalisateurs.

Pitch : Johnny vient de terminer ses études et s’apprête à quitter la réserve indienne de Pine Ridge avec sa petite amie, pour chercher du travail à Los Angeles. La disparition soudaine de son père vient bousculer ses projets. Il éprouve également des remords à laisser Jashaun, sa petite sœur de 13 ans dont il est très proche. Johnny partira-t-il ?

Lorsqu’une cinéaste a la chance de pouvoir glisser sa caméra au cœur d’une réserve indienne – ici les Lakotas –, on attend d’elle une implication plus viscérale, un traitement un peu plus passionné que ce qu’on peut trouver dans SONGS MY BROTHERS TAUGHT ME. Et son histoire, bien que forte, pourrait s’impliquer à n’importe quelle communauté. Ici Johnny et sa sœur Jashaun perdent leur père. Chez les Lakotas, on est polygame. Leur mère ne vivait plus avec lui. Ils avaient peu de contact et le décès du patriarche les rapproche de leurs demi-frères. Johnny, qui avait décidé de suivre sa petite amie à Los Angeles, remet ses plans en question, retenu par une petite sœur attachée à la tribu et par les traditions dévorantes. Pourtant, cette communauté, gangrénée par l’alcool, promet plus de pauvreté que de perspectives d’avenir. Chloé Zhao, Pékinoise globe-trotteuse devenue cinéaste aux États-Unis, ne dit rien des Indiens d’Amérique qui n’ait déjà été dit. Le poids de la famille comme frein à l’émancipation. Rien de nouveau sous le soleil des peuples repliés sur eux-mêmes, exclus du rêve américain. La réalisatrice a beau sublimer les grands espaces de l’Ouest et vouloir donner à son film des airs de western spirituel, elle se contente malheureusement de contempler, de souligner l’ennui et le silence pesant qui règnent dans cette communauté en dépression. Si bien que SONGS MY BROTHERS TAUGHT ME va rarement au-delà de la complaisance des films de festivals, par trop inspirés du recueillement malickien. À ses quelques personnages forts – voir Travis, artiste tatoueur soumis à ses démons alcooliques –, elle n’offre que des errances, des contrariétés et des drames, si bien qu’elle les prive de toute force. Dépeindre les Indiens comme les victimes d’une Amérique lapidaire d’accord. N’en faire que des êtres en abdication perpétuelle et espérer que ça émeuve, quel intérêt ?

De Chloé Zhao. Avec John Reddy, Jashaun St. John, Irene Bedard, Taysha Fuller. Etats-Unis. 1h34. Prochainement

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