Cannes 2015 : UNE HISTOIRE D’AMOUR ET DE TÉNÈBRES / Critique

15-05-2015 - 16:01 - Par

De Natalie Portman. Sélection officielle, hors compétition, séances spéciales.

Pitch : Inspiré du best-seller international éponyme d’Amos Oz, UNE HISTOIRE D’AMOUR ET DE TÉNÈBRES conte la jeunesse du romancier lors des derniers instants du mandat britannique sur la Palestine et des premières années de l’État d’Israël. Le film détaille la relation du jeune Amos avec sa mère et la naissance de son don d’écrivain, et explore ce qui se passe lorsque les histoires que nous racontons deviennent les histoires que nous vivons.

Tout comme Ryan Gosling avec LOST RIVER, Natalie Portman n’a pas choisi la facilité pour sa première réalisation puisqu’elle a décidé d’adapter les Mémoires best-seller d’Amos Oz, « Une histoire d’amour et de ténèbres ». L’auteur y contait les quelques années ayant mené à la mort de sa mère à l’âge de 38 ans et son enfance aux premières heures d’Israël. Une adaptation dont Portman a écrit elle-même le script – cela lui a pris huit ans –, insistant qu’elle soit en hébreu et non pas en anglais. Malheureusement, contrairement à Gosling, la comédienne peine à fournir un film dépassant ses bonnes intentions. En s’offrant le rôle de la mère d’Amos Oz, femme vivant pour raconter à son fils foules d’histoires, allégories, contes et autres anecdotes, Natalie Portman prouve son grand appétit de storytelling. Cette faim transpire d’UNE HISTOIRE D’AMOUR ET DE TÉNÈBRES – les scènes où la mère d’Oz lui conte des histoires sont pour certaines captivantes et comme celle d’introduction, affichent même une esthétique loin d’être passe-partout. Mais passés ces instants graciles, la jeune cinéaste ne parvient jamais à dompter ses élans. Ainsi, en liant de manière trop soulignée et systématique le passé d’Oz avec celui d’Israël, la réalisatrice se laisse emporter par la peinture de la Grande Histoire et en oublie la petite qui, totalement écrasée et étouffée, n’a plus guère de place pour exister et encore moins pour émouvoir. D’autant que, dans cette narration déjà bancale et empesée, Portman accumule d’autres maladresses, sans doute par déférence à son matériau inspirateur et à ses résonances personnelles – puisqu’elle est elle-même née en Israël. On passera l’utilisation de la voix off, extrêmement littéraire, ou d’images d’archives illustrées par une musique au piano lénifiante. En revanche, impossible de passer outre les aphorismes sentencieux (« Mieux vaut vivre dans l’ignorance que l’illusion », « La déception est inhérente au rêve ») que le film multiplie au point de les vider de leur sens et de leur impact. Certes, les dernières vingt minutes se révèlent un poil plus convaincantes, alors que Portman s’intéresse davantage à la dépression de la mère d’Oz. Une des scènes finales se révèle même plutôt puissante dans son imagerie. Mais tout cela ne fait pas oublier cette désagréable sensation d’avoir été pendant 1h30 spectateur d’un film en forme de cours magistral bien trop pontifiant.

De Natalie Portman. Avec Natalie Portman, Neta Riskin, Shira Haas, Makram Khoury, Gilad Kahana. États-Unis. Prochainement

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