JURASSIC WORLD : chronique

09-06-2015 - 13:04 - Par

Inégal mais porté par un propos pertinent, de bonnes intentions et quelques formidables séquences, JURASSIC WORLD est une réussite.

Le profit est roi. Il en va ainsi dans la réalité hollywoodienne mais aussi dans le monde de JURASSIC WORLD. Ainsi, un parc jurassique s’est bien ouvert, vingt ans après la première tentative de John Hammond. Et en conséquence, un quatrième volet de la saga JURASSIC PARK voit le jour, chroniquant comment ce parc animalier accueillant des dizaines de milliers de visiteurs par jour va lui aussi subir les affres de la théorie du chaos. Si JURASSIC WORLD séduit, c’est justement pour cette collusion paradoxale entre fiction et réalité : Colin Trevorrow signe un blockbuster à gros budget, une suite qui plus est, et y infuse un propos anticonsumériste frontal. Ici, l’Homme asservit le dinosaure au « branding » (le Verizon Indominus Rex !) et les patrons de Jurassic World justifient tous leurs excès – dont la création d’une créature hybride – par le fait que les « consommateurs veulent toujours plus gros, plus bruyant, plus dentu ». Trevorrow maîtrise plutôt bien son message car il sait prendre son temps et gérer ses élans nostalgiques – on remarquera notamment la manière dont il use du thème de John Williams revu par Michael Giacchino, assise monumentale pour capter l’attention et ancrer le premier acte. Cette exposition connaît toutefois quelques accrocs : bien que plein de bonnes intentions, Trevorrow tombe parfois dans le didactisme, sans doute parce qu’il ne dispose pas de personnages aussi forts que Ian Malcolm, Alan Grant, Ellie Sattler ou John Hammond. Reste que la directrice de son parc, campée par une Bryce Dallas Howard très convaincante, s’avèrera au final assez touchante. Plaidoyer pour le merveilleux (une pure production Amblin), pamphlet ironique sur le caractère monstrueux des blockbusters actuels (l’Indominus) face aux divertissements d’antan (le T-Rex et les Raptors), JURASSIC WORLD exalte le suranné. Surtout, le film n’a jamais peur d’aller trop loin. Porté par l’appétit de Trevorrow, JURASSIC WORLD affiche quelques séquences captivantes de violence effrénée, un humour inégal et sombre parfois dans le kitsch mièvre. Voire dans le mauvais goût – la séquence de la moto et des raptors, tirée du livre « Le Monde Perdu » et dont Spielberg parle avec passion depuis dix ans. Alors que JURASSIC WORLD est comme chaque volet de la saga un quasi remake du premier, il parvient pourtant à éviter la standardisation. Qu’il touche dans le mille ou trébuche sur son ambition, Trevorrow ne s’excuse donc de rien et, dans ce processus d’affirmation de lui-même, livre un blockbuster hautement divertissant, mû par une connivence joyeuse et sincère avec son public.

De Colin Trevorrow. Avec Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Omar Sy. États-Unis. 2h04. Sortie le 10 juin

 

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