Toronto 2015 : TRUTH / Critique

14-09-2015 - 06:29 - Par

Toronto 2015 : TRUTH / Critique

De bons acteurs, un sujet intéressant et des intentions louables ne suffisent pas toujours à toucher dans le mille.

Après s’être fait un nom comme scénariste (sur BIENVENUE DANS LA JUNGLE, ZODIAC ou THE AMAZING SPIDER-MAN), James Vanderbilt présente son premier film de réalisateur : TRUTH. Armé d’une ambition dévorante il s’empare d’un sujet complexe – le journalisme face aux transformations de la presse télé à l’ère des multinationales –, sans doute trop lourd pour ses épaules. Inspiré de faits réels, TRUTH revient sur un reportage de la célèbre émission d’investigation « 60 minutes » ayant révélé que George W. Bush usa dans sa jeunesse de ses contacts pour éviter le Vietnam et être assigné à un poste bien moins dangereux. Sauf que la « preuve physique » de ces allégations n’a jamais pu être authentifiée… TRUTH s’intéresse au point de vue de la productrice de l’émission, Mary Mapes (Cate Blanchett), et dans une moindre mesure à celui du présentateur, le légendaire et iconique Dan Rather (Robert Redford). Dans sa première partie, consacrée à l’enquête de Mapes et son équipe, TRUTH manque de mordant : musique sautillante et « montages » réduisent le journalisme d’investigation à une sorte d’aventure romantique idyllique bien trop simpliste et superficielle. L’écriture y est bancale, les acteurs sous exploités au point de ne sembler être que des pantins de l’intrigue (Elisabeth Moss a trois répliques de tout le film) et les enjeux faibles. Dans sa deuxième heure, qui explore des thèmes plus complexes – l’éthique, les collusions entre politiques et conglomérats audiovisuels, l’argent comme bénédiction et malédiction du métier –, TRUTH affiche une plus grande efficacité. Une belle tenue qui repose en grande partie sur la performance de Cate Blanchett et sur l’étude du personnage de Mary Mapes, femme attaquée de tous bords et réduite à des archétypes par ses contradicteurs. Là, l’écriture et le montage de Vanderbilt se font un peu plus incisifs, et il parvient à placer l’humain au centre des thèmes et concepts du film, incarnant ainsi davantage son récit. On regrettera en revanche qu’il ne tente pas davantage de démontrer les évidentes erreurs commises par Mapes et son équipe. Un reproche que l’on pourrait faire plus globalement à TRUTH : bien que visiblement engagé et désireux d’avoir une opinion, un point de vue, le film ne fait pas suffisamment de choix marqués et manque au final cruellement de personnalité. Il affiche un rythme, un ton, une ambiance déjà vus et revus par ailleurs, et passe par toutes les étapes évidentes et attendues d’un tel film. Plaisant à suivre comme un épisode de série procedural, TRUTH s’avère ainsi juste trop générique.

De James Vanderbilt. Avec Cate Blanchett, Robert Redford, Topher Grace. États-Unis. 2h. Sortie le 30 décembre 2015

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