Toronto 2015 : HONOR THY FATHER / Critique

16-09-2015 - 03:25 - Par

Toronto 2015 : HONOR THY FATHER / Critique

Drame familial. Satire politico-sociale. Film de casse. Il y a tout ça dans HONOR THY FATHER, du réalisateur philippin de ON THE JOB, Erik Matti.

En 2013, le Philippin Erik Matti nous avait soufflés avec ON THE JOB – thriller criminel intense sur des taulards relâchés temporairement de leur prison pour qu’ils jouent les tueurs à gages. Deux ans plus tard, et après avoir dirigé KUBOT : THE ASWANG CHRONICLES 2 (inédit chez nous), Matti nous revient avec HONOR THY FATHER. Moins ouvertement porté sur le genre que ON THE JOB, il s’intéresse à un couple, Kaye et Edgar, qui, accusés d’avoir volé l’argent de petits épargnants via un système de Ponzi, voient leur vie menacée. Edgar a deux semaines pour trouver six millions de pesos. Pour s’en sortir, il fait appel à ses frères, qu’il n’a pas vus depuis des années… Ensemble, ils vont tenter l’impossible. Il est presque incroyable que HONOR THY FATHER soit aussi tenu et fluide, tant il s’avère compact. Drame familial, satire religieuse et film de casse se côtoient ici sans que jamais l’un des trois ne vienne cannibaliser l’autre. Chaque pan du film a sa place, collabore ou s’entremêle avec l’autre, en une sorte de danse narrative captivante ne connaissant aucun temps mort. Si HONOR THY FATHER marque pour son portrait peu flatteur du clergé – ici l’Église de Yeshua, dont le pasteur vit dans un palais où l’on compte avec cynisme les donations des fidèles –, le film s’avère aussi être un divertissement implacable, un thriller à haute tension. Porté par la mise en scène de Matti, dont la fluidité est parfois heurtée par un montage sec et nerveux, HONOR THY FATHER se fait film de casse étouffant – il se déroule dans des sous-sols inondés où Edgar et ses frères mettent à profit leur talent de mineurs artificiers. Mais avant tout, comme c’était déjà le cas dans ON THE JOB, HONOR THY FATHER séduit et émeut pour sa justesse d’écriture. Toute en non-dit, puis en explosion de rage et de colère, ou en profond amour mutuel, la relation entre Kaye et Edgar, cols bleus ayant rêvé d’une meilleure vie pour leur fille, se révèle d’une grande complexité. HONOR THY FATHER explore avec tact et sans jugement la personnalité ambitieuse de la première et celle, plus taciturne et discrète, du second. Satire sociale et film de casse, oui. Mais HONOR THY FATHER est ainsi avant tout le drame poignant d’un père de famille qui, poussé dans ses derniers retranchements, doit retrouver sa famille et s’y reconnecter. Liens fraternels, paternels, maternels : qu’il filme une dispute entre frangins ou Edgar expliquant à sa fille que « la vie est un combat de force », Matti vise juste, à chaque fois. Un soin apporté à ses personnages et à leur véracité qui, sans aucun doute, s’affirme comme le ciment de son cinéma.

De Erik Matti. Avec John Lloyd Cruz, Meryll Soriano, Yayo Aguila. Philippines. 1h55. Prochainement

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