LEGEND : chronique

20-01-2016 - 10:11 - Par

LEGEND : chronique

Film de gangsters « anti climactique » mais drame fraternel poignant, LEGEND est la nouvelle preuve du génie débordant de Tom Hardy.

Legend-PosterDepuis son très cool PAYBACK – dont il fut viré en cours de production et qu’il renie –, Brian Helgeland peine à s’imposer. Si la qualité de 42 avait fait oublier les bancals CHEVALIER et LE PURIFICATEUR, le film avait été ignoré par chez nous, puisque sorti en catimini en VOD. Les principaux faits d’armes d’Helgeland restent donc ses scripts pour L.A. CONFIDENTIAL ou MYSTIC RIVER. Son cinquième film de réalisateur, LEGEND, devrait changer la donne. Le réalisateur s’intéresse ici à deux figures mythiques du crime londonien des 60’s : les jumeaux Kray, Reggie et Ronald. Leur particularité : le premier était aussi calme et séduisant que l’autre était instable et violent – puisque paranoïaque schizophrène. Deux « légendes » déjà étudiées dans LES FRÈRES KRAYS (1990) de Peter Medak. Sauf que là où Medak avait engagé des jumeaux (Martin et Gary Kemp), Helgeland a l’idée de confier les rôles de Reggie et Ronald au même acteur : Tom Hardy. Rares sont les performances qui, à elles seules, suffiraient presque à justifier l’existence d’un projet. Mais rares aussi sont les performances aussi évidentes de génie et totalement décomplexées que celle livrée ici par Hardy. En se saisissant de deux rôles – qu’il parvient à faire exister pleinement –, le comédien porte à l’écran les deux pans de sa propre image publique : il impose à Reggie son magnétisme et à Ronald son excentricité. Une densité d’interprétation, passant du burlesque au tragique, qui ancre LEGEND dans une imprévisibilité souvent fascinante. Quitte à ce que le film dérape parfois, notamment dans son utilisation dissonante de la musique ou dans son trop- plein de voix off, qui semble compenser un manque de confiance d’Helgeland en son scénario. Il faut dire qu’il fait ici des choix radicaux. Si l’on retrouve une manière assez classique de filmer les faubourgs populaires anglais, il se montre plus aventureux quant à l’identité même de son film. Mettant hors-champ les passages obligés clinquants du film de gangster – rarement voit-on les activités criminelles des Kray –, il se concentre sur la violence physique et psychologique qui régit les relations humaines, la filme avec une brutalité étrangement cartoon, pour vite se focaliser ensuite sur le drame familial. Qu’il s’agisse de l’amour contrarié entre Reggie et Frances (excellente Emily Browning), un poil convenu, ou des rapports fusionnels/conflictuels entre les jumeaux, plus complexes et surprenants, Helgeland se penche davantage sur l’humain que sur… la légende. Grâce à sa mise en scène ménageant l’ample et l’intimiste, il signe ainsi une chronique plus poignante qu’exaltante.

De Brian Helgeland. Avec Tom Hardy, Emily Browning, Taron Egerton. Royaume Uni/France. 2h11. Sortie le 20 janvier


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