BROOKLYN : chronique

09-03-2016 - 10:41 - Par

BROOKLYN : chronique

D’une douceur presque magique, BROOKLYN raconte la grande Histoire de l’immigration américaine par la petite histoire d’Eilis.

Brooklyn-PosterPréparez-vous à (re)tomber amoureux de la délicatesse de Saoirse Ronan, de son teint de porcelaine et de son sourire lumineux. Attention, vous allez aussi être conquis par les yeux rieurs d’Emory Cohen et ses manières de jeune galant. Bref, soyez prêts à être pulvérisés par l’élégance de BROOKLYN, film dont les enjeux sont si intimes que chaque heurt du cœur est une grande tragédie. C’est normal : par la petite histoire d’Eilis (Saoirse Ronan), BROOKLYN revient sur le déracinement et l’intégration des communautés qui ont fait la diversité de l’Amérique, Brooklyn étant le quartier qui a accueilli le plus d’immigrants irlandais dans les années 50. À l’époque, au pays, les perspectives d’avenir étaient plutôt modestes. Ainsi, la famille d’Eilis s’arrange avec l’Église pour faire partir la jeune femme à New York. Un départ comme une somme d’épreuves déchirantes mais nouvelles. Mais là où James Gray dressait un portrait morbide du déracinement dans THE IMMIGRANT, John Crowley l’aborde de manière plus positive, comme une chance. Eilis, c’est un tout petit bout de femme confrontée au gigantisme de l’Amérique, à la profusion d’opportunités qui s’offre à elle, à la population la plus diverse qu’elle ait jamais connue. La peur fait place à la timidité, puis Eilis se crée un nouveau foyer dans un pays qui accueille à bras ouverts ceux qui veulent le rendre plus riche. Quand Eilis rencontre Tony (Emory Cohen), un immigré italien qui en pince pour les Irlandaises, alors la jeune femme n’a plus de doute : sa vie est en Amérique. BROOKLYN aurait pu tomber dans la chronique raffinée mais totalement angélique, il veut surtout rappeler que partir, c’est faire le deuil d’une partie de soi et remettre en cause les codes avec lesquels on a grandi, au risque de décevoir. Ce récit d’apprentissage d’une grande finesse, qui cherche plus à comprendre le processus d’émancipation qu’à le juger, offre toujours à son héroïne le choix. Rester ou rentrer, avancer ou revenir en arrière, pleurer ou espérer. S’accomplir ou être celle que les autres envisagent. Le bonheur se loge dans le doux frisson de l’inconnu, le courage et la soif de vie. Le scénario de Nick Hornby est d’une grande majesté et rares sont les personnages féminins aussi complexes et délicats ; la mise en scène de John Crowley, dont la caméra est folle amoureuse de son actrice, est d’une classe inouïe. La photo, signée du Canadien Yves Bélanger, vous enveloppe de chaleur. D’aucuns diraient que la bienveillance de BROOKLYN est aussi sa limite, qu’il n’y a jamais de danger. Peut-être, mais c’est aussi pour ça qu’on en est tombé raide dingue.

De John Crowley. Avec Saoirse Ronan, Emory Cohen, Domhnall Gleeson. Irlande/Grande-Bretagne. 1h53. Sortie le 9 mars

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