Cannes 2016 : APRÈS LA TEMPÊTE / Critique

19-05-2016 - 18:01 - Par

Cannes 2016 : APRÈS LA TEMPÊTE

De Hirokazu Kore-eda. Sélection officielle, Un Certain Regard.

Synopsis (officiel) : Malgré un début de carrière d’écrivain prometteur, Ryota accumule les désillusions. Divorcé de Kyoko, il gaspille le peu d’argent que lui rapporte son travail de détective privé en jouant aux courses, jusqu’à ne plus pouvoir payer la pension alimentaire de son fils de 11 ans, Shingo. A présent, Ryota tente de regagner la confiance des siens et de se faire une place dans la vie de son fils. Cela semble bien mal parti jusqu’au jour où un typhon contraint toute la famille à passer une nuit ensemble…

Une guitare sèche discrète, des cuivres élégants, un sifflement mélodique : le thème musical ouvrant APRÈS LA TEMPÊTE a tout de la ritournelle gentiment entêtante et mélancolique. Comme souvent chez Kore-eda, on entre donc dans son nouveau film avec douceur. Mais si APRÈS LA TEMPÊTE a les atours de cocon de son précédent long, le sublime NOTRE PETITE SŒUR, il n’en a pas la simple maestria, la grandeur aérienne. Ce que conte Kore-eda n’est pourtant pas dépourvu d’intérêt, loin de là. Le cinéaste japonais explore le parcours psychologique et émotionnel de Ryota (excellent Hiroshi Abe), un loser branque et égoïste, un père et fils indigne vivant dans l’illusion qu’il écrira un jour son deuxième roman. Un homme qui, à défaut d’être celui qu’il a toujours rêvé de devenir, se dit qu’il ne cessera d’essayer. Ce quadra court après son passé et son futur, en somme et, dans le processus, laisse sur le côté ceux qui l’entourent. Jusqu’à ce qu’il se remette en question – ou tente de le faire. Par ce biais et une galerie de personnages secondaires formidablement croqués – notamment la mère du héros, formidable pourvoyeuse de vannes cinglantes –, Kore-eda sonde les rêves qu’on abandonne, ceux qu’on oublie, les vies multiples et possibles que l’on met de côté. Pourtant, en dépit de la qualité de la caractérisation et de l’interprétation, APRÈS LA TEMPÊTE n’atteint pas l’épure poétique de NOTRE PETITE SŒUR ou les torrents d’émotion de TEL PÈRE TEL FILS ou NOBODY KNOWS. L’exposition s’avère un poil trop longue – même si l’on comprend la nécessité de cet étirement dans le mécanisme mental et émotionnel du protagoniste – et le déroulé des enjeux parfois un poil surligné – notamment dans les dialogues, tout aussi jolis et/ou drôles soient-ils. De même, comme si tout le film souffrait d’une certaine léthargie, la réalisation de Kore-eda se révèle trop fonctionnelle et un poil statique, là où ses films offrent toujours au moins une remarquable idée de mise en scène faisant décoller les sentiments (cf le climax de TEL PÈRE TEL FILS, entre autres). Bien que plaisant et tendre, APRÈS LA TEMPÊTE a donc tout du travail mineur dans la carrière du cinéaste nippon.

De Hirokazu Kore-eda. Avec Hiroshi Abe, Kirin Kiki, Riri Furanki. Japon. 1h57. Prochainement

 

 

 

 

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