Cannes 2016 : CAFE SOCIETY / Critique

11-05-2016 - 13:28 - Par

Cannes 2016 : CAFE SOCIETY

De Woody Allen. Sélection officielle, Hors Compétition, Film d’ouverture.

Synopsis : Années 1930. En quête d’aventure et d’une nouvelle vie, Bobby (Jesse Eisenberg) quitte le nid familial new-yorkais pour Hollywood, espérant que son oncle (Steve Carell), un puissant agent, lui trouve un emploi. Déçu par Los Angeles et le milieu du cinéma, il y trouve tout de même l’amour en la personne de Vonnie (Kristen Stewart). À moins que tout soit plus compliqué qu’il n’y paraît…

« Il fait beau mais ce n’est pas New York » se plaint Bobby à propos de Los Angeles dans le premier quart d’heure de CAFÉ SOCIETY. On pourrait retourner cette réplique contre le film lui-même : si le nouveau long-métrage de Woody Allen est agréable et confortable à regarder, il ne renoue pas avec ses meilleures propositions – pas même les récentes, comme BLUE JASMINE. La voix off est redondante mais demeure malicieuse, de nombreuses répliques font preuve d’une verve indéniable (« Ayons le népotisme discret »), les sarcasmes contre le milieu hollywoodien sont plutôt rigolos à défaut d’être vraiment mordants. La galerie de personnages secondaires est, comme d’ordinaire chez Allen, formidable – mention spéciale aux parents et à la sœur de Bobby, ainsi qu’à la toujours fantastique Blake Lively, qui prouve apparition après apparition, par sa classe, son élégance et sa retenue, qu’elle mérite une bien meilleure carrière. Mieux : CAFÉ SOCIETY est visuellement l’un des Woody Allen les plus somptueux : la lumière chaude, presque irréelle, concoctée par Vittorio Storaro sied à merveille au miroir aux alouettes dépeint par Allen. Le découpage est minutieux, optant souvent pour de longs plans étirés – mais en mouvement – donnant l’opportunité aux acteurs de se saisir du récit. Quant à la caméra, elle se fait parfois virevoltante, lors de scènes de club que ne renieraient pas Coppola ou Scorsese. Alors pourquoi peine-t-on autant à adhérer à cette nouvelle comédie grinçante ? Peut-être parce que Jesse Eisenberg fait un jeune Woody Allen sans véritable charme ou charisme et que CAFÉ SOCIETY manque au final cruellement d’enjeux émotionnels. Sans doute aussi parce que Woody Allen pourrait pondre un ou deux CAFÉ SOCIETY durant son sommeil tant le film radote ce que le cinéaste a pu faire auparavant – en mieux. Comment vibrer pour sa peinture rutilante des années 30 et du fantasme que représente le cinéma après LA ROSE POURPRE DU CAIRE ? Comment s’enthousiasmer pour cette histoire d’amour contrariée par le destin et les hésitations du cœur après ANNIE HALL et MANHATTAN ? Certes, il est sans doute injuste de juger le nouveau film d’un grand cinéaste à l’aune de ses glorieux exploits passés. Mais c’est bien là le problème des grands cinéastes : on leur en demandera toujours plus. Surtout quand on les en sait encore capables.

De Woody Allen. Avec Jesse Eisenberg, Kristen Stewart, Steve Carell. États-Unis. 1h36. Sortie le 11 mai

 

 

 

 

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