Cannes 2016 : MA VIE DE COURGETTE / Critique

15-05-2016 - 13:01 - Par

Cannes 2016 : MA VIE DE COURGETTE

De Claude Barras. Quinzaine des Réalisateurs.

Synopsis (officiel) : Courgette n’a rien d’un légume, c’est un vaillant petit garçon. Il croit qu’il est seul au monde quand il perd sa mère. Mais c’est sans compter sur les rencontres qu’il va faire dans sa nouvelle vie au foyer pour enfants. Simon, Ahmed, Jujube, Alice et Béatrice : ils ont tous leurs histoires et elles sont aussi dures qu’ils sont tendres. Et puis il y a cette fille, Camille. Quand on a 10 ans, avoir une bande de copains, tomber amoureux, il y en a des choses à découvrir et à apprendre. Et pourquoi pas, même, à être heureux…

Il faudra bien un jour se pencher sur le paradoxe du cinéma d’animation. Plus que jamais avec MA VIE DE COURGETTE, il offre le point de vue d’un enfant sur un monde d’adultes. Ainsi Icare, dit Courgette, est un héros de fait divers : papa est parti, maman picole jusqu’à involontairement glisser sur une canette de trop lorsque le môme lui referme trop brutalement la porte de sa chambre au nez. Courgette se retrouve dans un foyer débordant de gamins cabossés par la vie ou par leurs parents. Le roman de Gilles Paris avait déjà été adapté pour un téléfilm, C’EST MIEUX LA VIE QUAND ON EST GRAND. MA VIE DE COURGETTE va dans l’autre sens, pour voir si elle n’est pas plus vivable quand on est petit. Jusqu’à un axe politiquement incorrect lorsque pour tous ces enfants, il vaut mieux fuir les parents. MA VIE DE COURGETTE profite de la vision décloisonnée de Céline Sciamma – réalisatrice de TOMBOY ou BANDE DE FILLES, scénariste ici – pour dépoussiérer les classiques du cinéma sur l’enfance, inverser certains codes (par exemple en repoussant l’adoption de Courgette pour raconter la manière dont c’est le caïd du foyer qui l’adopte ainsi que l’amitié qui s’en suit). Idem pour la belle mise en scène qui, d’une part, prend le temps de plans-séquences rendant ce film court (même pas 1h10) très dense ou, de l’autre, contrebalance son contexte sordide par la stylisation des personnages aux grands yeux. Loin du pathos que pourraient briguer ces multiples histoires de maltraitance – autour de Courgette, les blessures des autres pensionnaires, tous très attachants, sont évoquées avec la franchise des paroles désinhibées d’enfants –, MA VIE DE COURGETTE est un émouvant récit de résilience, de réconciliation, assurant qu’une deuxième chance existe pour cet Icare qui, au final, va pouvoir prendre son envol vers une enfance enfin plus douce.

De Claude Barras. Avec les voix de Gaspard Schlatter, Michel Vuillermoz, Paulin Jaccoud. France. 1h06. Sortie le 19 octobre

 

 

 

 

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