Cannes 2016 : VOIR DU PAYS / Critique

18-05-2016 - 14:15 - Par

Cannes 2016 : VOIR DU PAYS

De Delphine & Muriel Coulin. Sélection officielle, Un Certain Regard.

Synopsis (officiel) : Deux jeunes militaires, Aurore et Marine, reviennent d’Afghanistan. Avec leur section, elles vont passer trois jours à Chypre, dans un hôtel cinq étoiles, au milieu des touristes en vacances, pour ce que l’armée appelle un sas de décompression, où on va les aider à « oublier la guerre ». Mais on ne se libère pas de la violence si facilement…

Ce que dit VOIR DU PAYS, c’est que la guerre pousse les soldats à se trouver des ennemis et que généralement, le plus dangereux d’entre eux est celui qu’on nourrit à l’intérieur de soi, avec sa propre haine. L’ennemi intime. Le film des sœurs Coulin explique aussi que ce n’est pas forcément le soldat qui n’arrive plus à fermer l’œil dont il faut se méfier. Ni celui qui ressasse. La colère après le combat permet d’apaiser la bête. Ainsi les soldats de VOIR DU PAYS se voient « offrir » à leur retour d’Afghanistan trois jours de « décompression » dans un hôtel club de Chypre. Entre des soirées en boîte de nuit et des sommeils bien mérités, sont aussi organisées des séances de débriefing. C’est au cours de celles-ci qu’on réalise que des tensions gangrènent le groupe et leurs supérieurs. L’ambiance festive se transforme vite en psychodrame, d’autant que minoritaires et sur les dents, trois femmes soldats sont victimes d’une certaine misogynie. Les sœurs Coulin transforment parfois leur film en exposé théorique de tous les stress post-traumatiques, comme dans un petit manuel, bien appliqué. Mais ce qu’elles parviennent à faire surtout, c’est faire exister ces militaires, faire remonter à la surface de l’histoire des personnalités et des expériences très différentes et complexes et ce, malgré un bon nombre de personnages. Sortent du lot par leur charisme et leurs histoires personnelles, les personnages d’Ariane Labed et Soko, copines d’enfance et dont les circonstances de l’enrôlement dans l’armée permettent aux réalisatrices d’effleurer un cinéma social. C’est aussi là, la limite de leur film : elles ne choisissent jamais d’être claires dans leur sujet et refusent obstinément de se tenir à une intrigue, préférant l’état des lieux théorique. Il faut attendre les vingt dernières minutes pour que le film devienne concret. Mais étrangement, il se met à raconter encore autre chose, de pas inintéressant bien sûr mais de peu abouti. Maladresses de récit, réalisation fonctionnelle : on pourrait balayer le film d’un revers de main, mais il a ce quelque chose d’assez fascinant et ce, dès le départ, dès que l’image de trente militaires défilant entre les piscines tape-à-l’œil et les filles en bikini a capté notre attention.

De Delphine & Muriel Coulin. Avec Soko, Ariane Labed. France. 1h42. Sortie le 7 septembre 2016

 

 

 

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