Cannes 2016 : DOGS / Critique

15-05-2016 - 23:14 - Par

Cannes 2016 : DOGS

De Bogdan Mirica. Sélection officielle, Un Certain Regard.

Synopsis (officiel) : Roman est de retour sur les terres de son grand-père qu’il vient de recevoir en héritage. Alors qu’il décide de vendre cette propriété où rien ne pousse, il se trouve confronté à des malfrats dont son aïeul était le chef. Ces derniers ne reculeront devant rien pour préserver cette terre au centre de leur trafic.

Un champ dont l’herbe est jaunie par le soleil et balayée par un air chaud. Deux hommes, comme perdus, dans un cadre en Scope. Quelques notes arides de guitare acoustique. DOGS a beau se dérouler dans une Roumanie contemporaine, c’est bien aux codes du western américain que se réfère le réalisateur Bogdan Mirica, dont il s’agit du premier long métrage de cinéma – il a déjà notamment officié à la télé pour une série estampillée HBO Europe. Cette imagerie d’un genre à l’origine très américain, Mirica la sert avec une mise en scène particulièrement solide, appliquée et pensée. De longs plans séquences dont le cadre se resserre lentement autour de personnages confrontés à l’inéluctabilité d’une violence absurde en passant par un travail sur le son souvent impeccable – notamment dans sa retranscription de bruits de la nature, et notamment du vol des mouches, qui a son importance – Mirica construit un édifice aussi passionnant théoriquement que captivant esthétiquement. À l’instar de son plan d’ouverture – dont on sait qu’il va se conclure dans une certaine horreur graphique –, DOGS sait malicieusement bâtir son ambiance et sa tension, souvent tranchante et étouffante. Le tout servi par des choix narratifs intéressants, bien amenés et exécutés – notamment la relation entre Roman et sa nouvelle chienne, la très vindicative Politia, qui débute dans la défiance et évolue vite vers la confiance aveugle. Malheureusement, Bogdan Mirica joue bien trop au p’tit malin. Malheureusement car, en dépit de toutes les qualités de DOGS, on ne peut que déplorer le fait que son édifice de mise en scène, préparant scène après scène un climax tendu, explosif et forcément sanguinolent, ne mène à rien. Ou du moins à pas grand-chose. Dans un élan assez autiste qui semble vouloir priver le public de toute résolution à l’écran et de tout ce qu’il lui avait promis, Mirica dédit simplement tout ce qu’il a bâti auparavant. Un peu comme si TOMBSTONE se concluait sans le règlement de comptes à OK Corral. Oui, DOGS est pétri de qualités – il manie également le dialogue avec talent, notamment ceux du méchant et du gendarme local, particulièrement marquants. DOGS est également gorgé de promesses. Il est juste dommage que Bogdan Mirica n’ait pas souhaité les confirmer en menant son récit et son propos à bien.

De Bogdan Mirica. Avec Dragos Bucur, Gheorghe Visu, Vlad Ivanov. 1h44. Roumanie. Prochainement

 

 

 

 

 

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