Cannes 2016 : MA’ROSA / Critique

17-05-2016 - 21:42 - Par

Cannes 2016 : MA’ROSA

De Brillante Mendoza. Sélection officielle, En Compétition.

Synopsis (officiel) : Ma’Rosa a quatre enfants. Elle tient une petite épicerie dans un quartier pauvre de Manille où tout le monde la connaît et l’apprécie. Pour joindre les deux bouts, elle et son mari Nestor y revendent illégalement des narcotiques. Un jour ils sont arrêtés. Face à des policiers corrompus, ils feront tout pour racheter la liberté de leurs parents.

Ne pas se fier au synopsis de MA’ROSA et à la bande-annonce. S’ils tentent de faire croire que MA’ROSA est une boule d’énergie aux enjeux clairs, définis avec force et concision, en une sorte d’élan désespéré, le film prouve le contraire. Ainsi, il faut une bonne heure pour que l’enjeu principal soit enfin dévoilé, pour que les policiers affichent leur corruption et échafaudent leur chantage envers Rosa et sa famille. Avant ? Quelques plans énergiques, une ambiance ultra bruyante des plus aliénantes et quelques très longs plans en mouvement à l’épate – mais exécutés par des opérateurs plus occupés à ‘faire vrai’ qu’à soigner leur mise au point ou leurs cadrages, comme s’ils ‘swedaient’ maladroitement les Dardenne période ROSETTA. MA’ROSA met du temps à raconter quoi que ce soit mais, dans l’intervalle, ne prend même pas le temps de creuser ses personnages, qui restent cantonnés à des archétypes monolithiques ennuyeux. Dans cette longue exposition qui occupe plus de la moitié du métrage, MA’ROSA hésite maladroitement entre drame socioréaliste aride et film de genre nerveux sans jamais se révéler satisfaisant dans aucune des deux catégories. Alors quand le récit démarre enfin, il est évidemment trop tard : passé 60 minutes, difficile de se passionner pour ce que Brillante Mendoza veut raconter sur la misère qui pourrit tout. Surtout que même une fois les enjeux exposés, le cinéaste philippin continue de digresser. Il fait visiblement partie de ces cinéastes croyant que tout ce qu’il filme est passionnant ou nécessaire à son récit et étire artificiellement MA’ROSA. Réticent à couper, il accumule les plans inutiles ou les redites. Cette expérience de distorsion, loin d’apporter quoi que ce soit d’immersif joue contre le film et empêche la situation d’urgence d’exister émotionnellement ou dramaturgiquement à l’écran. Mendoza, sûr de ses effets, a beau tenter la virtuosité, son MA’ROSA manque de style, d’énergie et de cœur. Peut-être que la France et le Festival de Cannes devraient songer à davantage célébrer son compatriote Erik Matti qui lui, sait marier conscience sociopolitique énervée, émotion, rigueur narrative et visuelle.

De Brillante Mendoza. Avec Jaclyn Jose, Julio Diaz, Felix Roco. Philippines. 1h50. Sortie le 9 octobre

 

 

 

 

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