Cannes 2016 : MEAN DREAMS / Critique

16-05-2016 - 07:12 - Par

Cannes 2016 : MEAN DREAMS

De Nathan Morlando. Quinzaine des Réalisateurs.

Synopsis (officiel) : Après avoir volé un sac contenant de l’argent de la drogue, un garçon de quinze ans s’enfuit avec la fille qu’il aime tandis que le père de celle-ci, un flic corrompu, les prend en chasse. Mean Dreams est un thriller, mais également une fable qui évoque le passage à l’âge adulte, le désespoir de la vie en fuite et l’émerveillement du premier amour.

Si MEAN DREAMS est canadien, il a pourtant l’air profondément américain. Marchant de manière à peine voilée sur les traces de LA NUIT DU CHASSEUR, ce deuxième long métrage de Nathan Morlando ne séduit pas par son originalité. Deux ados amoureux, un père flic violent et incestueux, une course poursuite et les paysages d’automne en toile de fond. Déjà vu ? Oui, un peu. Pourtant, comment se fait-il que MEAN DREAMS fonctionne aussi bien ? Qu’on sorte satisfait et plutôt comblé par un film qui, sur le papier, ressemble à la plupart de la production indé actuelle ? L’effet peut paraître mineur mais pourtant il fait la différence : Nathan Morlando a un sens du casting impeccable. Son couple de jeune acteur est parfait. Sophie Nélisse mais surtout Josh Wiggins donnent au film sa force et sa constance. Morlando capte sur le visage du jeune acteur un mélange de juvénilité et de virilité sourde qui fascine. On s’attache immédiatement à ce garçon de la campagne, robuste mais timide, qui tombe amoureux. Il y a, en creux de ce thriller souvent haletant, un beau teen movie, une façon de sonder le passage à l’âge adulte par petites touches d’émotion et de complicité au charme fou. À l’opposé, Bill Paxton campe un vrai méchant avec un plaisir de composition tordue qui entraîne le film sans peine vers le genre. À l’instar du récent COP CAR auquel il fait beaucoup penser, MEAN DREAMS possède un curieux charme rétro qui, outre ce choix de casting, vient de cette tendance au minimalisme. Toujours à mi-chemin entre un ancrage hyper réaliste et l’onirisme latent des paysages, cernant les tensions et les gestes, la mise en scène colle au plus près des acteurs. Difficile de ne pas penser au Jeff Nichols de SHOTGUN STORIES ou même de MIDNIGHT SPECIAL devant cette échappée au cœur des forêts américaines, filmée sans gras ni fioritures. Plus Morlando va vers l’ascèse du scénario et plus le film décolle. C’est une longue scène d’infiltration sans parole, une blessure pansée ou ce plan final qui rappelle LE LAURÉAT, tout un tas de moments simples et pourtant très bien menés qui sauvent MEAN DREAMS de l’anonymat. On partait un peu sceptique, on finit plutôt conquis par cette belle fuite en avant amoureuse et inquiète qui annonce un réalisateur à suivre.

De Nathan Morlando. Avec Josh Wiggins, Sophie Nélisse, Bill Paxton. Canada. 1h48. Prochainement

 

 

 

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