Cannes 2016 : le palmarès
22-05-2016 - 19:01 -
La compétition 2016 était globalement un bon cru. Qu’en est-il du palmarès édifié par George Miller et son jury ? Réponse.
L’adage veut qu’un bon festival donne lieu à un mauvais palmarès – et inversement. Bien sûr, les choses ne se vérifient pas toujours nécessairement mais, en ce qui concerne la 69e édition du Festival de Cannes, c’est le cas. Alors que la compétition a été globalement de bonne tenue, George Miller et ses jurés sont parvenus à un palmarès particulièrement décevant. Voire incompréhensible. Le réalisateur de MAD MAX a assuré sur scène que toutes les décisions ont été prises de « manière passionnée ». « Tout a été dit, c’était épuisant mais cela a été une des plus belles expériences de ma vie », a-t-il ajouté. Les délibérations de ce jury ont en tout cas été parmi les plus longues de l’histoire du Festival… Une difficulté à satisfaire les goûts et envies de chacun qui explique peut-être ce palmarès. Certes, cette Palme pour Ken Loach et son MOI, DANIEL BLAKE – sa deuxième après celle décernée en 2006 au VENT SE LÈVE – ne nous déplait pas, loin de là. Elle a même tendance à nous émouvoir au plus haut point puisque le cinéaste anglais pourrait bien mettre ici un terme à sa carrière. MOI, DANIEL BLAKE a fait partie de nos vrais moments d’émotion de ce 69e Festival et l’on ne cessera d’admirer que Loach, bientôt 80 ans, continue à mettre sur l’écran sa colère et son humanisme de la plus belle et la plus frontale des façons. MOI, DANIEL BLAKE demeure un des tout meilleurs films de Cannes 2016, sans doute de l’année à venir. Un grand Loach, tout simplement. Le réalisateur rejoint le club fermé des double palmés qui comprend Bille August, Francis Coppola, Shohei Imamura, les frères Dardenne, Michael Haneke et Emir Kusturica. Si le mérite de Ken Loach n’est pas à remettre en question, le reste du palmarès pose bien des problèmes. Le jury a décidé de primer par deux fois – prix d’interprétation masculine et prix du scénario – LE CLIENT, film transparent qui n’est ni l’un des meilleurs films de la compétition, ni l’un des meilleurs de son auteur, Asghar Farhadi. De même, le très pauvre MA’ROSA de Brillante Mendoza reçoit un prix, pour son actrice Jaclyn Jose, alors que bien d’autres prestations méritaient davantage d’être couronnées – celles de Sandra Hüller dans TONI ERDMANN, de Ruth Negga dans LOVING, d’Isabelle Huppert dans ELLE, notamment. De même, que dire de ce Prix du Jury décerné à Andrea Arnold (son troisième après ceux ayant récompensé RED ROAD et FISH TANK) pour AMERICAN HONEY ? Trop long et complaisant, AMERICAN HONEY a bien des défauts, mais a eu ses ardents défenseurs pour son jusqu’au boutisme. Lui donner un Prix du Jury a tout l’air d’une médaille en chocolat. En revanche, le Prix de la Mise en scène couronnant Cristian Mungiu et Olivier Assayas pour BACCALAURÉAT et PERSONAL SHOPPER semble à la fois équilibré et récompenser des positionnements différents, mais intéressants, de mise en scène. Mais où sont TONI ERDMANN de Maren Ade, LOVING de Jeff Nichols, MADEMOISELLE de Park Chan-wook, PATERSON de Jim Jarmusch ou encore ELLE de Paul Verhoeven ? Dans son palmarès, le jury semble avoir soigneusement évité les propositions de cinéma les plus passionnantes, qu’elles soient élégantes, iconoclaste ou baroques. Un coup d’épée dans l’eau qui rappelle qu’à Cannes, la volonté de consensus a tendance à déboucher sur des palmarès tièdes et oubliables. Et surtout, que les présidents du jury récompensent majoritairement des films qu’ils ne savent pas faire. Rappelons, d’ailleurs, que George Miller faisait partie du jury qui, en 1999, avait offert sa Palme à l’unanimité au ROSETTA des Dardenne et le Grand Prix à L’HUMANITÉ de Bruno Dumont…
Ci-dessous le palmarès complet : Palme d’Or Grand Prix Prix de la Mise en scène Prix du scénario Prix d’interprétation féminine Prix du Jury Prix d’interprétation masculine Caméra d’Or Palme d’Or du court-métrage
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