Cannes 2016 : LA JEUNE FILLE SANS MAINS / Critique

13-05-2016 - 16:58 - Par

Cannes 2016 : LA JEUNE FILLE SANS MAINS / Critique

De Sébastien Laudenbach. ACID.

Synopsis (officiel) : En des temps difficiles, un meunier vend sa fille au Diable. Protégée par sa pureté, elle lui échappe mais est privée de ses mains. Cheminant loin de sa famille, elle rencontre la déesse de l’eau, un doux jardinier et le prince en son château. Un long périple vers la lumière.

Cannes est bien le rendez-vous de tous les cinémas, du plus mainstream au plus confidentiel, du plus poétique au plus cru. Seuls comptent la puissance et l’impact possible des films. Il faut que quelque chose se passe sur l’écran. La preuve en est avec la présentation de ce film d’animation français, adapté d’un conte méconnu des Frères Grimm. Sur le papier, on n’est pas forcément client. Un énième film d’animation poétique et arty ? Cette sélection cannoise nous permet d’avoir tort : LA JEUNE FILLE SANS MAINS est une splendeur, un film puissant auquel la formule consacrée « pour petits et grands » n’est jamais aussi bien allée. Assumant le romanesque du conte, ses simplifications mais aussi ses possibles ramifications psychanalytiques et intimes, Sébastien Laudenbach mène le récit de cette jeune fille accablée par un diable qui lui court après avec beaucoup de maîtrise. Il faut dire que le matériau originel est déjà costaud. Cruel, sensuel, épique et mutin, ce conte curieux se permet des détours étranges, des ruptures de ton que le film assume frontalement. L’esthétique singulière, faite d’aplats de couleurs et de traits de crayons mouvants produit un effet de sidération qui sait autant restituer la violence que la douceur. Tirant le meilleur des effets de saute de l’animation image par image, Laudenbach réussit à créer un magma de couleurs et d’effets, toujours à la lisière de l’abstrait et du concret. C’est une véritable aventure pour l’œil qui réussit pourtant à ne jamais être purement théorique. Grâce à un casting vocal parfait, d’Anaïs Demoustier en héroïne puissante à Jérémie Elkaïm en prince mélancolique ou encore Olivier Broche en père cupide, l’émotion affleure et on se laisse emporter par ce récit initiatique spectaculaire et onirique. Du pouvoir du cinéma de redonner toute leur puissance aux contes d’antan.

De Sébastien Laudenbach. Animation. Avec les voix d’Anaïs Demoustier, Jérémie Elkaïm. 1h13. Prochainement

 

 

 

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