WARCRAFT – LE COMMENCEMENT : chronique

27-05-2016 - 19:12 - Par

WARCRAFT - LE COMMENCEMENT : chronique

Une adaptation pour les fans, par un fan… voilà comment on pourrait définir le WARCRAFT de Duncan Jones.

Warcraft-PosterAnnoncé en grandes pompes il y a trois ans, tourné depuis presque deux, l’adaptation du hit (dix millions d’adeptes dans le monde !) vidéoludique WARCRAFT pointe enfin le bout de son nez. Un projet tout d’abord cornaqué par Sam Raimi, qui avait très vite baissé les armes devant la place prépondérante prise par l’éditeur Blizzard, trop soucieux d’exercer un contrôle qu’on imagine absolu. Pas étonnant que le projet soit finalement passé entre les mains de Duncan Jones, réalisateur des excellents MOON et SOURCE CODE et fan inconditionnel de la saga « World of Warcraft », qui martèle depuis six ans à qui veut bien l’entendre qu’il est l’homme de la situation. Et si l’on s’attarde un peu sur la lente et difficile genèse du film, c’est que celle-ci se ressent invariablement pendant les deux heures de métrage. Entendons-nous bien : WARCRAFT : LE COMMENCEMENT n’est pas un mauvais film mais il se voit entièrement phagocyté par l’ambition très triviale de Blizzard de faire un film uniquement destiné aux fans. Pour s’en rendre compte, rien de mieux que d’assister à une projection en présence de gamers hardcore. Durant deux heures, c’est à un phénomène très étrange que l’on assiste, qui démarre par une exultation à l’apparition du logo de Blizzard et qui se poursuit par des rires ou des applaudissements au détour de clins d’œil que seuls les initiés comprendront. Le problème de WARCRAFT : LE COMMENCEMENT en tant que film vient donc du fait qu’il oppose très clairement la fébrilité des fans à la passivité du spectateur lambda. Et c’est là que se situe le réel problème du film : dans ce cloisonnement très appuyé qui oblige les profanes à faire un réel effort d’acclimatation là où un certain Peter Jackson avait réussi à rendre l’univers pourtant très codifié de Tolkien accessible à tous. Sans doute trop bridé par une production omniprésente ou aveuglé par son regard d’inconditionnel, Duncan Jones accouche d’un film à la mise en scène efficace mais très fonctionnelle, dont les relents épiques ne peuvent susciter d’émotions que chez les fans. Il faut dire que le cinéaste est ici peu aidé par un casting humain particulièrement maladroit. Du fadasse Travis Fimmel (la série VIKINGS) à Dominic Cooper en passant par un Ben Foster neurasthénique, tous semblent se demander ce qu’ils font là et surtout avec quoi ils interagissent. Car la véritable attraction de WARCRAFT, ce sont les Orcs. En fait – et c’est tout le paradoxe du film – c’est quand il s’attache à ses « monstres » que WARCRAFT : LE COMMENCEMENT se révèle le plus humain, dévoilant de véritables enjeux dramatiques, là où la partie « live » se révèle beaucoup plus faiblarde. Aussi charismatiques et expressifs que leurs ennemis humains sont fades, les Orcs de WARCRAFT bouffent l’écran, apportant au film son quota de brutalité et de morceaux de bravoure qu’on est en droit d’attendre d’un projet comme celui-ci. En témoigne une séquence d’introduction particulièrement efficace, porteuse de belles promesses pour les prochains volets. Doté d’une direction artistique et d’effets spéciaux à tomber, WARCRAFT : LE COMMENCEMENT se révèle particulièrement impressionnant sur grand écran. Si l’on ne peut qu’être bluffé par le tour de force technique, on ne peut que regretter une relative absence d’âme. On croise les doigts pour que Duncan Jones, qui démontre ici sa capacité à gérer de gros budgets, puisse de nouveau bénéficier d’une si grosse enveloppe sur des projets moins formatés.

De Duncan Jones. Avec Travis Fimmel, Ben Foster, Paula Patton. États-Unis. 2h04. Sortie le 25 mai.

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