STAR TREK SANS LIMITES : chronique

20-08-2016 - 10:42 - Par

STAR TREK SANS LIMITES : chronique

Un troisième volet qui compense son déficit de personnalité visuelle et d’originalité de scénario par une belle sincérité émotionnelle et des personnages forts.

Trek-PosterImpossible de ne pas voir STAR TREK SANS LIMITES comme un proche parent de STAR WARS – LE RÉVEIL DE LA FORCE. Un petit cousin qui, le temps d’un été, voit en son aîné une source d’inspiration, les yeux écarquillés d’admiration et veut lui piquer ses bonnes idées pour frimer un peu. Simon Pegg, acteur dans le film d’Abrams et grand copain du réalisateur, a sans doute, consciemment ou inconsciemment, emprunté au script de STAR WARS VII pour élaborer celui de STAR TREK 3, qu’il a coécrit. Doit-on voir en Jaylah, orpheline habitant dans une épave de vaisseau, mécano à ses heures, maniant le bâton comme personne, une sœur spirituelle de Rey ? À moins qu’on soit aveugle. Y a-t-il dans les deux longs-métrages une tuerie massive comme élément déclencheur ? Oui, elles ne sont pas forcément écrites avec la même intention mais à l’écran, les deux scènes sont toutes deux exsangues d’espoir, abasourdies. Les deux films partagent-ils l’amour de la bonne vieille machinerie qui redécolle après avoir rouillé et ployé sous le poids des années ? Encore oui. Et ces similarités sont gênantes car cette saga née avant STAR WARS prend alors un coup de vieux, alors qu’elle a tant voulu être dépoussiérée. Pire, une séquence où Kirk doit se laisser porter par un courant gravitationnel rappelle de manière assez flagrante cette fameuse scène de MISSION IMPOSSIBLE 5 (Simon Pegg fait partie de la distribution depuis le troisième opus, mis en scène par Abrams) où Ethan Hunt se laissait aller avec le courant dans une turbine. On voit le mal partout ? Peut-être, mais Simon Pegg a aussi cherché ses sources d’inspiration dans les moindres recoins des productions Bad Robots. Pour l’originalité, SANS LIMITES repassera. D’autant que la backstory du vilain de cet opus, Krall (joué par Idris Elba), rappelle celle de Kahn, méchant du précédent volet. Et que le propos tourne encore une fois autour du terrorisme international ; le pacifisme chevillé au corps, STAR TREK balance l’unité entre les peuples et la fraternité à la gueule de ceux qui veulent exterminer toute civilisation non-violente. Pas de souci, le message passe particulièrement bien, défendu avec passion par les membres de Starfleet face à un grand méchant nourri à la haine et à l’ingratitude de son « gouvernement ». Aucune zone grise dans ce SANS LIMITES, dont le manichéisme à la lettre est devenu une denrée rare dans le Hollywood d’aujourd’hui.

Trek-PicCar si STAR TREK ne parvient plus à nous surprendre par son mécanisme narratif ni l’originalité de ses postulats, ce troisième épisode doit sa grâce à l’équipage de l’Enterprise. Tout le travail de caractérisation des personnages accompli lors des deux premiers films par Abrams est aujourd’hui payant. Notre lien à Kirk, Spock, Sulu, Chekov, Bones, Uhura et Scotty est indéfectible, et notre engagement est entier. Lorsque l’Enterprise, en route pour sauver un équipage en détresse, est attaqué par Krall, le sens du danger est total. D’autant que si Justin Lin ne déploie pas un grand style de mise en scène ou de réalisation (l’étalonnage du film est catastrophique ; l’action est parfois peu lisible), il sait mettre ses personnages en péril, il sait filmer leurs visages désespérés et l’optimisme laisser place à la terreur. Il y a une vraie force émotionnelle dans ce STAR TREK 3. Des très beaux sentiments, de beaux états d’âmes chez ses soldats tout dédiés à la cause Starfleet (en ce sens, Sulu gagne en chair en quelque deux ou trois plans). L’abnégation et le sacrifice ont toujours été des ressorts narratifs importants et émouvants dans STAR TREK, ici plus que jamais. La gravité politique et sentimentale de ce SANS LIMITES est souvent équilibrée par la légendaire légèreté pop de la saga : beaucoup de stoïcisme pour Spock, de l’esprit pour Sulu, du sarcasme pour Bones, et les gags débiles et fatigants pour Scotty. Il y a de la beauté un peu partout dans ce nouveau volet, mais il manque cruellement de grands moments iconiques et d’images marquantes. Une scène musicale parvient à électriser le troisième acte et l’emmener vers des summums de cool. Ce sont cette énergie débordante et une belle intensité émotionnelle qui permettent à ce STAR TREK SANS LIMITES de racheter son manque flagrant de personnalité.

De Justin Lin. Avec Chris Pine, Zachary Quinto, Idris Elba. États-Unis. 2h03. En salles

3Etoiles

 

 

 

 

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