DANS LE NOIR : chronique

24-08-2016 - 10:23 - Par

DANS LE NOIR : chronique

Cette production James Wan ne manque pas d’images marquantes et terrifiantes. Mais pèche par son scénario.

LightsOut-PosterIl y a trois ans, David F. Sandberg tournait un court-métrage de trois minutes, dans lequel une femme en pyjama voyait, dans la nuit qui avait envahi son deux-pièces, une forme humaine. La silhouette disparaissait aussitôt qu’elle activait l’interrupteur. La malice du film résidait dans son mélange de look fauché quand la lumière était allumée et d’imagerie plutôt sophistiquée quand elle était éteinte. Parce qu’il jouait à fond la carte du réalisme, ce LIGHTS OUT était remarquable. Sandberg a-t-il gardé son sens de l’horreur en passant au long- métrage ? Produit par James Wan, qui met en scène l’obscurité comme personne, le réalisateur novice a bénéficié de tout l’attirail du cinéma de studio. Si ça n’a pas dégradé son intelligence de l’image, cela a affecté la brutalité de son concept. Parfois, les explications sur les origines du mal, les justifications à outrance, peuvent être contre-productives et freiner la marche de la peur. Une fois n’est pas coutume, trop de scénario aurait pu tuer le film. Lorsque DANS LE NOIR débute, c’est avec le meurtre sauvage d’un père de famille par un monstre n’existant que dans le noir. En fait, cette créature hante Sophie (Maria Bello), épouse méchamment frappée de la victime. Face à cette encombrante présence dans la maison familiale, le fils, Martin, ne dort plus et s’en remet à sa demi-sœur, Rebecca (Teresa Palmer), qui a tourné le dos à sa mère plusieurs années auparavant. Mais quand Rebecca commence à être agressée chez elle, elle décide d’enquêter. C’est là que le film chancelle : quand il s’agit de savoir qui est ce monstre de la nuit et quelles sont ses motivations. Bien qu’il parle en partie de dépression, DANS LE NOIR aimerait fonctionner sur sa psychologie alors que c’est sa bestialité son véritable atout. Ses scènes d’assaut absolument terrifiantes où la silhouette, avec ses cheveux hirsutes et ses mains dégueulasses, devient le symbole de toutes les peurs profondes. Qu’il balade sa caméra dans une gigantesque maison ou un petit studio, Sandberg utilise l’espace et la distance (tout ce qui disparaît avec la nuit) avec une grande intelligence et crée une tension très brutale. DANS LE NOIR finit cependant par tourner en rond comme un catalogue illustré des sources de lumière à utiliser en cas d’urgence : bougies, lampes torches, phares de voiture, portables… Tout y passe de manière appliquée. Sandberg ne parvient pas à se départir des automatismes des productions de studio, mais réussit à ramener le cinéma d’horreur à une peur élémentaire et triviale. On est loin de la maîtrise de James Wan, mais il y a de l’espoir.

De David F. Sandberg. Avec Teresa Palmer, Maria Bello, Gabriel Bateman. États-Unis. 1h15. Sortie le 24 août

3Etoiles

 

 

 

 

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