ABSOLUTELY FABULOUS : chronique

06-12-2016 - 17:58 - Par

ABSOLUTELY FABULOUS : chronique

Cette adaptation souffre d’énormes lacunes. Mais Patsy et Edina sont toujours aussi fantastiques et hilarantes à regarder.

abfab-posterQue l’on soit fan d’ABSOLUTELY FABULOUS depuis toujours n’y change rien : cette adaptation au cinéma lutte pour convaincre. Son rythme est erratique, sa construction narrative trop épisodique, sa réalisation souvent fonctionnelle, ses rares effets spéciaux ratés (les fonds verts sont impardonnables) et son score irritant dans sa façon d’illustrer bêtement les gags. En un sens, qu’il s’agisse d’un film n’apporte pas de réelle plus-value : bien des épisodes spéciaux de la série –ceux tournés à New York ou au Maroc, notamment–, affichaient une facture plus léchée ou plus solide. Pourtant, en dépit de ses nombreuses lacunes, impossible de balayer ce portage au cinéma d’un revers de main. Quand ABSOLUTELY FABULOUS naît sur la BBC en 1992, le monde de la mode et de l’image apparaissait si exotique et hors d’atteinte que Patsy Stone, gourou de la presse féminine, et Edina Monsoon, RP hystéro, semblaient à la fois à la pointe professionnellement mais dépassées humainement, tant leur hype s’accompagnait d’un égoïsme et d’une arrogance ridicules. Près de vingt-cinq ans après, Jennifer Saunders, créatrice d’AB FAB, scénariste de cette version cinéma et interprète d’Edina, offre à ses anti-héroïnes euro-trash un film qui a l’intelligence de ne pas rester bloqué dans son passé glorieux mais qui regarde son époque en face. ABSOLUTELY FABULOUS décrit donc un monde désormais entièrement peuplé de freaks plus ou moins attendrissants, de fausses personnalités s’écoutant parler sur les tapis rouges, d’inconnus démiurges, où tout le monde se veut à la mode, où l’image, via les réseaux sociaux, est tout. Pour tout le monde. Tout le temps. Mais parce que Saunders est une brillante auteure, ce contexte satirique qui semble faire de Patsy et Edina des dinosaures n’est pas le cœur du film. Il n’est que le catalyseur. AB FAB ne court ainsi jamais après la modernité à tout prix – ce qui l’aurait sans doute rendu immédiatement ringard – et préfère se concentrer sur ses personnages. Et là émerge la plus grande qualité du film: la relation entre Patsy et Edina, qui n’a jamais été si émouvante. « Tu es ma plus vieille amie », lance Edina. « Tu n’a pas besoin de ce miroir. C’est moi ton miroir : tu es fabuleuse », lui rétorque Patsy. Cette ancre émotionnelle, qui au final parle évidemment de notre propre relation avec elles, permet à ABSOLUTELY FABULOUS de tenir la route. D’autant que, sur le pan comique, Saunders et Lumley restent redoutablement affûtées: entre gags débiles et répliques cinglantes, AB FAB se révèle souvent hilarant, un sommet de vulgarité sarcastique qui rappelle tout ce qui faisait de la série une œuvre majeure.

De Mandie Fletcher. Avec Jennifer Saunders, Joanna Lumley, Julia Sawalha. Grande-Bretagne. 1h26. Sortie le 7 décembre

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