D’abord empesé par la perfection d’un cinéma ultra calculé, LA LA LAND s’envole vers des sommets d’émotion.
LA LA LAND est une démonstration de force : son préambule, souffle de joie sur les embouteillages de Los Angeles, est un « refaisage » de Jacques Demy et asseoit Damien Chazelle comme un bon élève du cinéma qui a parfaitement bachoté ses influences françaises. Allons-nous voir un film de fayot ? Le produit d’un savant calcul visant à rafler des Oscars? Avec le très personnel WHIPLASH, le jeune réalisateur dévoilait un rapport hautement conflictuel avec l’application et la performance. Comment être rock’n’roll et iconoclaste quand, au fond de soi, on souhaite avant tout plaire ? LA LA LAND réussit à être aussi contrôlé à l’image qu’échevelé dans son romanesque. Il est ce parfait mélange d’exaltation et de précision. Car passé ce préambule – impressionnant certes, mais copiste –, Chazelle assume sa différence: sur l’écran, ce réalisateur de 30 ans exorcise son propre anachronisme. Aimer le jazz, les robes qui tournent, les éclairages et les décors artificiels, les ballets aquatiques à la Esther Williams, c’est « ringard », à moins d’y jeter un éclairage pop. Et des musiques catchy à la mise en scène complètement passionnée, LA LA LAND s’approprie tout ce que le cinéma a créé de plus smart pour se draper dans la fraîcheur et l’espièglerie. Nos yeux lui disent merci. Histoire d’amour entre un pianiste de jazz défendant son intégrité face à une industrie musicale sans merci et une jeune actrice qui ne parvient pas à percer, cette « comédie » d’abord musicale et virevoltante laisse place, de manière quasi subliminale, à un spleen insondable. Un chagrin à la mélodie entêtante. La plus belle réussite de Chazelle, c’est sûrement de parvenir à nourrir son film d’intenses émotions, que ses personnages aillent mal ou qu’ils nagent dans l’euphorie. Il est toujours plus difficile d’engager l’empathie du spectateur quand les enjeux sont minimes et pourtant, il célèbre le bonheur dans une ivresse d’images, de chorégraphies et de merveilleux dialogues. Le malheur, lui, est vécu comme un crève-cœur… mais il est mis en scène avec une telle classe que LA LA LAND ne sombre jamais dans le désespoir ou les sanglots faciles : il a toujours l’élégance de sourire. Si le film semble avoir été cousu et brodé pour Emma Stone (le rôle, exigeant une prestation complète, est un visa indéniable pour les Oscars), la subtilité de la partition de Ryan Gosling est peut-être ce que LA LA LAND offre à voir de plus bouleversant. Dans un même film, il est Abbott, Costello et Gene Kelly, il est, comme son personnage de jazzman habité, tout dévoué à l’art d’arracher au public des sentiments d’une grande complexité.
De Damien Chazelle. Avec Emma Stone, Ryan Gosling, John Legend. États-Unis. 2h08. Sortie le 25 janvier
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