Cannes 2017 : AVA / Critique

19-05-2017 - 13:30 - Par

Cannes 2017 : AVA

De Léa Mysius. Semaine de la critique, compétition.

Synopsis officiel : Ava, 13 ans, est en vacances au bord de l’océan quand elle apprend qu’elle va perdre la vue plus vite que prévu. Sa mère décide de faire comme si de rien n’était pour passer le plus bel été de leur vie. Ava affronte le problème à sa manière. Elle vole un grand chien noir qui appartient à un jeune homme en fuite…

Un an après avoir triomphalement révélé Julia Ducournau en sélectionnant GRAVE, la Semaine de la Critique tente de rééditer avec AVA, premier film de Léa Mysius. En vain.

La jeune cinéaste Léa Mysius, par ailleurs co-scénariste des FANTÔMES D’ISMAËL qui ouvre la Sélection officielle, se penche sur un été décisif dans la vie d’Ava, 13 ans. Atteinte d’une maladie rare qui la rend peu à peu aveugle à basse lumière – avec, en point de mire, la cécité totale –, l’adolescente passe des vacances avec sa mère, une quadra bien dans sa peau et séductrice. Soit tout l’inverse de sa fille, qui se décrit comme « sombre et invisible ». Aussi évanescente qu’enragée, Ava se dit même incapable du moindre sentiment et prête à en finir. En dépit de dialogues sur-écrits – et donc sur-joués –, la première partie d’AVA se révèle accrocheuse. Là, la comparaison avec GRAVE apparaît aussi inévitable que cruelle. Mais AVA, s’il n’a pas la rigueur et l’assurance du film de Ducournau, observe tout de même avec étrangeté la transformation que subit Ava, symbole de son passage à un âge adulte et sexué – on oubliera néanmoins quelques métaphores lourdingues, comme celle du jet de moutarde sur la cuisse de la jeune fille quand un garçon l’embrasse. Répliques mystérieuses (« C’est bientôt la fin de notre civilisation, regarde autour de toi tu n’y verras que du noir »), musique électro écrasante, scènes de cauchemars aux images charnelles dérangeantes, multiplication de plans sur l’océan qui se brise en grosses vagues lourdes sur le rivage : tout, dans la mise en scène et l’ambiance, concourt à mener AVA vers des territoires malaisants et poisseux, à la limite du cinéma de genre. Passé 45 minutes, toutes les promesses ou presque s’effondrent. Alors que Mysius tenait un premier long-métrage bancal mais luttant avec panache pour imposer son identité et son étrangeté, elle fait dérouter AVA vers la romance estivale entre son héroïne et un jeune gitan banni de son clan. Une intrigue de l’errance et de l’égarement rebattue, qui perd totalement de vue la moitié des questionnements, des enjeux et des personnages de la première partie. AVA sombre alors dans l’évidence, la facilité – voire la complaisance, notamment dans son traitement peu inspiré de la nudité de ses protagonistes –, les passages obligés d’un coming of age très convenu.

De Léa Mysius. Avec Noée Abita, Laure Calamy, Juan Cano. France. 1h45. Sortie le 21 juin

 

 

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