Cannes 2017 : BUSHWICK / Critique

25-05-2017 - 18:34 - Par

Cannes 2017 : BUSHWICK

De Jonathan Milott et Cary Murnion. Quinzaine des Réalisateurs.

Synopsis officiel : En sortant du métro dans Bushwick, un quartier de Brooklyn, pour aller chez sa grand-mère avec son nouveau petit-ami, Lucy se retrouve au beau milieu d’un véritable bain de sang. Des milices ont envahi New York pour en faire leur base d’opérations sur la côte Est. Dans ce chaos, Lucy tente d’éviter les balles perdues et se réfugie dans un sous-sol, où elle rencontre Stupe, un colosse qui est aussi ancien combattant. Ce dernier l’aide, à contrecœur, à parcourir les cinq blocs de Bushwick jusqu’à la maison de sa grand-mère… en supposant que celle-ci existe toujours.

Un couple discute sur le quai du métro quand un message d’information les prévient de l’interruption du trafic. Ils doivent sortir. Le plan dure quand soudain, l’extraordinaire surgit dans le cadre. Le plan continue, s’étire, émerge du sous-sol, investit la rue où la caméra suit une jeune femme courant dans un merdier de fusillades et d’explosions. Un incontestable effet de sidération accompagne le début de BUSHWICK car, comme tout bon long plan-séquence, il distord la fiction et lui donne les atours d’une pseudo véracité en temps réel – la coupe étant le propre de l’artifice cinématographique. Ce plan-séquence d’ouverture de BUSHWICK a beau ne rien avoir de réel – il est une succession de plusieurs plans-séquence raccordés numériquement –, sa durée biblique de trente minutes (!) en impose à l’écran. Il est le premier d’une série de cinq, d’une durée variable ne descendant jamais sous les 13 minutes. Malheureusement, toute prouesse ne vaut que si elle aboutit à un propos et/ou une émotion allant au-delà du simple étonnement. En l’état, ce n’est pas le cas dans BUSHWICK qui peine à être davantage qu’un « Plan Séquence, The Movie ». Contrairement à un autre film concept récent, HARDCORE HENRY, BUSHWICK n’a rien de totalement indigent non plus et quelques bonnes idées le traversent – on pense à la manière dont les réalisateurs Cary Murnion et Jonathan Milott (COOTIES) dévoilent Dave Bautista par petites touches dans sa première scène, pour en faire une créature quasi mythologique. Le scénario recèle même de quelques répliques ironiques plutôt rigolotes. Quant à Bautista et à sa partenaire Brittany Snow, ils se donnent sans mesure et délivrent des prestations plutôt convaincantes – aussi bien sur le plan physique que plus intérieur. En ces heures de résurgence des populisme, fascisme et autre ultranationalisme, un propos plutôt malin sur les masses populaires et défavorisées se fait jour. Dommage qu’il ne soit traité qu’en surface, sans grand mordant politique. Tout se retrouve trop vite cannibalisé par la volonté des cinéastes de ne pas déroger à leur mise en scène en plans-séquence. Pour tenir leur concept, ils finissent ainsi par filmer des choses inutiles et/ou redondantes. Rapidement, les points de coupe numérique se font plus grossiers et disgracieux, la filouterie plus visible, la prouesse plus laborieuse. Ce qui créait au départ une certaine urgence, une énergie communicative, prive finalement BUSHWICK d’une réelle tension et d’un point de vue fort.

De Jonathan Milott et Cary Murnion. Avec Britanny Snow, Dave Bautista, Angelic Zambrana. 1h33. Prochainement sur Netflix

 

 

 

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