Cannes 2017 : MARLINA THE MURDERER IN FOUR ACTS / Critique

24-05-2017 - 15:53 - Par

Cannes 2017 : MARLINA THE MURDERER IN FOUR ACTS

De Mouly Surya. Quinzaine des Réalisateurs.

Synopsis officiel : Au cœur des collines reculées d’une île indonésienne, Marlina, une jeune veuve, vit seule. Un jour, surgit un gang venu pour l’attaquer, la violer et la dépouiller de son bétail. Pour se défendre, elle tue plusieurs de ces hommes, dont leur chef. Décidée à obtenir justice, elle s’engage dans un voyage vers sa propre émancipation. Mais le chemin est long, surtout quand un fantôme sans tête vous poursuit.

Les films découpés en actes distincts et annoncés comme tels ont généralement un défaut accompagnant une qualité. Les parcours évoqués sont racontés de manière claire et la progression est nette. Il y a quelque chose relevant du récit littéraire, du conte moral. En revanche, ce chapitrage peut souligner les inégalités du film, les parties rivalisant d’intérêt les unes avec les autres. MARLINA, construit en quatre actes, démarre comme un coup de maître. Sans préavis, Marlina voit débarquer chez elle un brigand qui veut la déposséder de son bétail. Elle est veuve, difficile pour elle d’opposer une quelconque résistance. D’autant que l’homme lui promet que six autres bandits de grand chemin vont arriver pour la violer devant son mari momifié assis dans un coin de la pièce. Terrifiée, Marlina va pourtant se défendre : elle va en tuer cinq. Ce premier acte confine à la perfection, avec sa trompette de western et ses cadres fixes de théâtre, riches de mille détails. Planent sur ce début l’esprit des chambaras et des rape & revenge. Ces influences sont soudain plus fuyantes dans les actes suivants et le film perd doucement en force lorsqu’il se frotte au road movie rural. Bien sûr, subsistent les grands espaces (le tournage s’est déroulé sur l’incroyable île de Sumba, aussi verte qu’étrangement aride), les lentes chevauchées qui ancrent définitivement MARLINA dans l’imagerie marquante du western, en version moderne. La charge féministe, aussi stylisée que lapidaire, devra attendre le dernier acte pour recouvrer toutes ses forces. Le film puise toutefois un pouvoir envoûtant de la prestation noble et puissante de Marsha Timothy. Son personnage, veuve meurtrie d’un mariage qui ne l’a jamais soumise, dégage une force inouïe. Poussée à se défendre par une domination masculine subite et nouvelle, elle devient un symbole de combat en réaction. Film social – sur la vie rurale, les inégalités géographiques, la justice à deux vitesses etc. – et western féministe et spirituel, MARLINA – troisième film de la réalisatrice Mouly Surya – atteste d’une scène émergente indonésienne passionnante.

De Mouly Surya. Avec Dea Panendra, Egi Fedly, Marsha Timothy. 1h33. Prochainement

 

 

 

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