Cannes 2017 : THE SQUARE / Critique

20-05-2017 - 06:02 - Par

Cannes 2017 : THE SQUARE

De Ruben Östlund. Sélection officielle, compétition.

Synopsis officiel : Christian est un père divorcé qui aime consacrer du temps à ses deux enfants. Conservateur apprécié d’un musée d’art contemporain, il fait aussi partie de ces gens qui roulent en voiture électrique et soutiennent les grandes causes humanitaires. Il prépare sa prochaine exposition, intitulée « The Square », autour d’une installation incitant les visiteurs à l’altruisme et leur rappelant leur devoir à l’égard de leurs prochains. Mais il est parfois difficile de vivre en accord avec ses valeurs : quand Christian se fait voler son téléphone portable, sa réaction ne l’honore guère… Au même moment, l’agence de communication du musée lance une campagne surprenante pour The Square : l’accueil est totalement inattendu et plonge Christian dans une crise existentielle.

Les meilleures blagues sont les plus courtes. L’adage a beau être populaire, il ne semble pas encore être parvenu au suédois Ruben Östlund. Etirée sur 2H20, sa petite farce très sûre d’elle vire au calvaire. Pourtant, sur le papier, tout partait plutôt pas mal. Un réalisateur adepte du malaise grinçant qui s’attaque au monde de l’art contemporain, on pouvait espérer au pire une satire rigolote au mieux un grand film méchant. THE SQUARE n’est rien de tout ça. Peut-être le prétend-il mais c’est bien là le problème. Quand on s’embarque dans la satire sociologique mieux vaut muscler son jeu. Armé de sa petite mécanique d’humiliations à répétition, Ostlünd se croit de taille à jouer les poils à gratter. Il n’est en fait qu’un piteux donneur de leçon. Déguisée en film d’auteur « tellement cocasse », cette longue farce maquille en fait des poncifs bien rances en provoc’arty stériles. Quelle originalité et quelle audace de dépeindre les amateurs d’art contemporain comme des crétins vaniteux ! Quoi ?! Une œuvre d’art faite d’un tas de gravats ! Gaussons-nous ! On est en droit d’attendre un peu plus d’un film qui fait de ce milieu son sujet, qui plus quand il se permet d’en ricaner, et encore plus quand il est sélectionné à Cannes. Surtout, il y a quelque chose d’assez pénible dans le ton aigre du film. La satire mérite un peu d’élégance, l’écriture d’Östlund en est complétement dépourvue. Ecrit à gros traits de rires gras digne des pires comédies néo-beaufs (ahah, la maladie de la Tourette ! Ahaha, les sdf mal aimables ! ahah les communicants débiles), le film n’arrive même pas à produire le malaise tant espéré. Parce que pour être gênant, il faudrait que le film tape juste. Il tape toujours dans la facilité. Alors, on finit par regarder cet imbroglio de séquences supposément monstrueuses mais terriblement plates avec le même air éteint que ce lévrier auquel on s’est furieusement identifié le temps d’une séquence. Film de vaniteux, THE SQUARE est surtout un film bourgeois au sens le plus péjoratif du terme qui a confondu, comme le dit un autre adage, la paille dans l’œil du voisin avec l’énorme poutre dans le sien.

De Ruben Östlund. Avec Dominic West, Elisabeth Moss, Terry Notary. Suède/Danemark. 2h22. Prochainement

 

 

 

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