Cannes 2017 : APRÈS LA GUERRE / Critique

25-05-2017 - 10:27 - Par

Cannes 2017 : APRÈS LA GUERRE

D’Annarita Zambrano. Sélection officielle, Un Certain Regard.

Synopsis officiel : Bologne, 2002. Le refus de la loi travail explose dans les universités. L’assassinat d’un juge ouvre des vieilles blessures politiques entre l’Italie et la France. Marco, ex-militant de gauche, condamné pour meurtre et réfugié en France depuis 20 ans grâce à la Doctrine Mitterrand, est soupçonné d’avoir commandité l’attentat. Le gouvernement italien demande son extradition. Obligé de prendre la fuite avec Viola sa fille de 16 ans, sa vie bascule à tout jamais, ainsi que celle de sa famille en Italie qui se retrouve à payer pour ses fautes passées.

Quand on a l’ambition de lorgner vers le cinéma politique des années 70, ou du moins sur les grands sujets de cette époque – en l’occurrence en se penchant sur le terrorisme d’extrême gauche comme ici -, mieux vaut faire preuve de suffisamment de rigueur pour ne pas rapidement souffrir de l’inévitable comparaison avec des classiques comme I COMME ICARE de Henry Verneuil ou Z de Costa-Gavras. Malheureusement, après une scène d’introduction remuante, violente et plutôt enthousiasmante, APRÈS LA GUERRE va très vite se révéler incapable de traiter ses enjeux. Tentée de « romantiser » cet ancien terroriste désormais en cavale, la réalisatrice Annarita Zambrano ne parvient pourtant pas à l’humaniser tant il se montre pleutre, égoïste et au final dépourvu à l’écran d’un idéal palpable, vivant ou brûlant. Tout juste la cinéaste parvient elle à lui opposer le contre-point, maladroit et lourd, d’une journaliste lors d’une séquence bien trop fonctionnelle et rigide d’interview. De son côté, l’intrigue centrée sur la famille italienne de l’ancien terroriste tourne vite en rond, incapable d’incarner leur souffrance, leurs doutes, au-delà d’une langueur artificielle. Reste ce personnage touchant de la fille du terroriste (campée avec justesse par Charlotte Cétaire), véritable protagoniste, qui vibre de tant de colère et de tendresse envers son père qu’elle donne à APRÈS LA GUERRE ses rares moments d’urgence et de vérité émotionnelle. Sauf que ces quelques étincelles sont au final mises à mal par le refus de Zambrano de traiter son sujet et ses enjeux, et qui préfère conclure sur un deus ex machina extrêmement paresseux. À oublier très vite.

D’Annarita Zambrano. Avec Giuseppe Battiston, Barbora Bobulova, Charlotte Cétaire. Italie/France. 1h33. Prochainement

 

 

 

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